Legs de la Solidarity
Extraits des entrevues d’histoire orale du BC Labour Heritage Centre, 2018.
Marion Pollack (Women Against the Budget, postier) [00:00:00] Tu sais, je sentais que je pouvais faire des liens, en quelque sorte, entre le mouvement ouvrier et le mouvement féministe. Mais quand l’Accord de Kelowna a été conclu, c’était impossible. Et c’était impossible pour tellement d’années, tu sais, pour moi, en tant que personne, de m’y retrouver. Ce qui, tu sais, je me suis toujours vue comme quelqu’un qui avais un pied dans chaque camp. Et c’était, tu sais, j’ai toujours un pied dans chaque camp, mais les camps, je veux dire, ne se sont jamais croisés. Et ça signifiait que, pour beaucoup de choses qu’on faisait dans le mouvement ouvrier, on était incapable d’avoir le soutien de la collectivité pendant très, très longtemps, parce qu’ils étaient tellement, tu sais, elle était, à juste titre, tellement méfiante et tellement en colère envers le mouvement ouvrier. Alors, pour moi, en tant que personne, je veux dire, mis à part d’être déprimée par l’Accord de Kelowna, ça a rendu ardue, tu sais, ma capacité à accomplir n’importe quel travail. Et ça a fait que n’importe quelle relation entre les groupes communautaires et le mouvement ouvrier était très tendue pendant des années et des années et des années. Et je pense que c’est, tu sais, je pense que c’est un des héritages très triste de Solidarity que, tu sais, on avait tant d’espoir et l’espoir, tu sais, s’est dissipé. Et les gens n’ont pas blâmé Bennett pour la perte d’espoir. Ou, du moins pas les gens avec qui je me tenais, tu sais, qui faisaient partie de Solidarity. Ils ont blâmé le mouvement syndical.
Stuart Alcock (Représentant pour les hommes gais, Solidarity Coalition) [00:01:31] Je pense en fait qu’une des avancées significatives de l’entièreté du mouvement Solidarity était que la présence de gais et de lesbiennes hors du placard a légitimé le travail que certaines personnes accomplissaient dans le mouvement ouvrier. Et ça, tu sais, le mouvement ouvrier a vraiment progressé très rapidement, parce que soudainement, il y avait des gens là-bas qui légitimaient leurs membres gais et lesbiens ou leurs membres queers. Je veux dire, c’est, c’est selon moi un des vrais héritages de Solidarity.
Larry Kuehn (Président, BC Teachers’ Federation) [00:02:22] Tu sais, les leçons que j’en ai tirées étaient que, que quand je regardais ce qui s’est passé en février 1982 et la renonciation au droit de grève, et puis, un an plus tard, d’être préparé à vraiment faire la grève. Ça autant que, tu sais, que la, la direction que les dirigeants veulent prendre, ça, ça motive vraiment les gens, ce qui va leur arriver. Tu sais. Et c’est, tu sais, c’est en fait la réaction à ce que le gouvernement faisait qui était si négative pour, pour les enseignants et pour l’éducation, qui a changé les, tu sais, les points de vue et les attitudes des enseignants et leur volonté de participer à ce genre de lutte dans laquelle nous nous sommes engagés au cours de ces 35 dernières années.
Rod Mickleburgh (Journaliste du travail) [00:03:22] C’est dur à faire à cause de la manière dont ça s’est terminé. Mais les gens devraient y repenser, par contre, et être fiers d’eux et se souvenir des bons temps et se souvenir du rassemblement à l’Empire Stadium du 10 août et de la manifestation du 6 août au 16 octobre. Je veux dire, ils se sont battus pour des droits fondamentaux, tu sais, et ça leur revient. Et bien que ce soit dur, mais s’ils pouvaient retourner à cet état d’esprit pour vraiment regarder ce qui était positif à propos de ce mouvement social sans précédent en Colombie-Britannique durant l’été et l’automne de 1983, ils devraient avoir la tête haute. Tu sais, parce que, de tellement de manières différentes, c’était du jamais vu. Je veux dire, tu sais, quand tu le couvres quotidiennement, tu oublies parfois à quel point c’était mémorable. Bien, qu’est-ce que, qu’est-ce que le gouvernement va faire? C’est quoi, ça? Qu’est-ce qui va se passer après? Et tu n’as pas la vue d’ensemble. Mais si tu as cette vue d’ensemble, c’est, c’était vraiment, vraiment quelque chose et je me sens privilégié d’avoir été aux premières loges pour ça et de l’avoir regardé.
Ken Novakowski (Personnel de négociation, BC Teachers’ Federation) [00:04:28] Solidarity, je veux dire, quand je repense à ça et à ma propre expérience au sein du mouvement et ce qui s’est passé avec moi au final, c’est comme un moment, je pense, qu’on ne vit qu’une fois dans sa vie. Je veux dire, j’aimerais beaucoup revivre ça, mais je doute que ça se reproduise. Et c’était intense. C’était simplement… Et c’était bouleversant. Ça a bouleversé beaucoup de gens, pas seulement des organismes comme la BCTF, mais beaucoup de personnes en son sein. Et beaucoup de gens y participaient. Ça les a forcés et les a causés à examiner ce qui se passait et aussi à penser à ce qui était possible. Ce qu’on pourrait faire si on travaillait ensemble pour bâtir une meilleure Colombie-Britannique. Alors je crois que, que c’est ça.