Marche pour tes droits
Extraits des entrevues d’histoire orale du BC Labour Heritage Centre, 2018.
Cliff Andstein (Négociateur en chef, BC Government Employees’ Union) [00:00:01] En août, c’était évident. Le gouvernement ne réagissait pas aux manifestations de masse d’une taille et d’une intensité jamais vues auparavant. Quand nous avons organisé notre première à Victoria, le BCGEU en a organisé une avec le Conseil du travail. On ne s’attendait pas à quelque chose de gros. Six mille personnes, et ce, en l’espace d’une semaine après le dépôt du budget. Six mille personnes y étaient et ensuite vingt mille, à Victoria en plus, contre la série de projets de loi. Cinquante mille, trente-cinq mille aux deux manifestations à Vancouver. Des dizaines de milliers de gens partout dans la province. En août, le gouvernement n’a pas du tout réagi à ça.
Art Kube (Président, BC Federation of Labour) [00:00:40] On a dit : « Bien, ce que nous allons faire, c’est que nous allons avoir une autre manifestation de masse. » Alors on y est allé et on a donné notre 110 %. 110 %. Je te le dis, je tremblais pour être certain que ça se passe, et ça s’est bel et bien passé.
Jim Sinclair [00:01:04] Oui.
Art Kube [00:01:08] Ça s’est bel et bien passé.
Ken Novakowski (Personnel de négociation, BC Teachers’ Federation) [00:01:11] Le nombre de gens, c’était époustouflant. Je ne pouvais pas y croire. Alors j’ai fait le compte. En tant qu’organisateur, j’ai fait le compte du nombre de personnes et je suis arrivé à 80 000. Le compte officiel était de soixante mille, mais à ce jour, je suis convaincu qu’il y en avait beaucoup plus que soixante mille. Et la deuxième chose était, bien sûr, de passer par le congrès quand il y avait toutes sortes de… Des gens sont sortis du congrès du Crédit Social pour en quelque sorte provoquer les manifestants, et il y avait toutes sortes d’altercations qui se sont passées, certaines d’entre elles ont finies par être filmées, mais c’était aussi un moment fort. Mais la, la, la fin de la manifestation à la Queen Elizabeth Plaza et le chant de Solidarity Forever, le groupe entier, c’était, c’était vraiment touchant. Et encore, c’était très comparable au truc qui s’était passé à l’Empire Stadium. On pensait : « Wow, le gouvernement se doit de réagir à ce genre d’opposition. C’est du jamais vu dans l’histoire de la province. C’est gigantesque. Ils doivent… Ils ne peuvent plus continuer. Ils doivent faire quelque chose. »
Larry Kuehn (Président, BC Teachers’ Federation) [00:02:29] Bien, la, la chose qui a vraiment, tu sais, donné du mordant à la manifestation, mis à part la foule monstre qui est venue à la manifestation, était le fait qu’elle a entouré l’Hotel Vancouver où le Parti Créditiste tenait sa réunion annuelle. Et alors ça a donné un point de conflit direct entre le gouvernement et le peuple, comme on pouvait le voir dans Solidarity. Tu sais, il, dans un des films de, de cette, cette époque, il y a une dispute entre, un affrontement entre un des enseignants manifestant et un des ministres du Conseil, Conseil des ministres du Crédit Social qui est sorti, qui a comme personnifié le, tu sais, le degré de tension et le degré de colère qui régnait. Et le, le rôle que jouait le Crédit Social aussi, de l’autre côté.
Stuart Alcock (Représentant pour les hommes gais, Solidarity Coalition) [00:03:36] Je me rappelle d’être passé près de l’Hotel Vancouver. J’ai le souvenir vague que lorsque l’on passait à côté, quelques délégués du congrès du Créd. So. sont sortis de l’une des portes. Et je, j’avais un peu peur pour leur sécurité. Ils étaient, ils étaient manifestement provocateurs. Et je suis content de dire que personne n’a réagi à la provocation de manière importante, mais il y avait une atmosphère conflictuelle là-bas. Mais les gens, encore, avaient, en quelque sorte, un soutien sans faille.
Hanne Jensen (limogé directeur de la BC Human Rights Branch)[00:04:40] Je me souviens d’être à la Queen Elizabeth Plaza et de juste sentir l’énergie de la foule et tous ces gens qui s’unissent et qui disent que c’est, que l’union fait la force et nous voulons que notre message soit transmis et qu’il soit entendu. Et puis qui descendaient la rue Georgia vers l’Hotel Vancouver où les créditistes les attendaient derrière des portes closes, mis à part les braves parmi eux qui sont sortis pour malmener les manifestants.
Marcy Toms (enseignant, activiste communautaire) [00:05:05] Je peux me rappeler d’un sentiment palpitant, parce que, bien, c’était absolument inspirant et palpitant, et ça, en tout, ça a soulevé des attentes que les choses pouvaient progresser avec succès. D’avoir autant de gens là, tellement investis marchant autour de l’Hotel Vancouver, ce que j’imagine que nous n’étions pas supposés faire, parce que je me rappelle que la B.C. Federation of Labour ne voulait vraiment pas que ça se produise, où le Parti Créditiste tenait son congrès, c’était un sentiment très puissant. Je me rappelle bien de gens qui se tenaient ou qui marchaient devant les portes et qui secouaient leurs doigts ou, parfois, secouaient leurs poings. Et je ne sais pas si je m’en rappelle ou je m’en rappelle parce que c’est sur le film Common Cause, un enseignant était en dispute avec un créditiste et c’était assez violent et l’enseignant ne, n’arrêtait pas. Et j’imagine que de voir autant d’enseignants à cette manifestation ainsi qu’à d’autres, quand nous n’étions pas un syndicat en vertu du Code du travail et nous venions juste d’étendre la portée de notre activisme de négociation, était vraiment motivant. C’était un signe annonciateur des temps à venir. Alors, je… La palpitation est souvent nourrie par les gens, des gens aux idéaux similaires ensemble et c’était un sentiment vraiment fort, puissant. Peut-être que nous pourrions arrêter, renverser la législation.