Des rassemblements et organisation dans toute la province
Extraits des entrevues d’histoire orale du BC Labour Heritage Centre, 2018.
Rod Mickleburgh (Journaliste du travail) [00:00:00] J’ai aussi couvert le grand rassemblement à Victoria.
Ken Novakowski [00:00:04] Le 26 juillet.
Rod Mickleburgh [00:00:05] Oui. Et vous savez, raisonnablement peu après, après que les projets de loi aient été présentés et c’était la plus grande manifestation à Victoria, 25 000 sur les pelouses de l’Assemblée législative. Absolument énorme. C’était la première fois que les travailleurs du secteur public s’absentaient du travail. Les magasins d’alcool étaient fermés jusqu’à Nanaimo. Je veux dire c’était, c’était un gros truc et ils sont tous venus au rassemblement. Et une raison pourquoi j’en ai parlé, c’est parce que c’était un grand rassemblement, mais deuxièmement c’était une des dernières histoires du vieux journal grand format de la province de Vancouver.
Mervyn Van Steinburg (Coordinateur du centre d’action chômage) [00:00:42] Alors quand on est entré dans le parc, on a marché dans la rue principale de Kelowna et on parlait de « Rester sur le trottoir » et de tout ce genre de choses. Une fois qu’on a tourné le coin en sortant du stationnement où on était, c’était : « Au diable tout ça. » Et on est descendu dans la rue principale. Tout ce groupe de huit cents, mille, mille deux cents personnes, peu importe ça marchait, et on est passé devant le magasin Bennett, parce que la famille Bennett avait eu un magasin là-bas depuis toujours et c’était tout en verre. Et vous savez dans cette vitrine je me souviens d’avoir vu tous les membres de la GRC alignés devant ce magasin Bennett. J’imagine qu’ils avaient peur qu’on casse les vitres ou qu’on fasse des bêtises, je ne sais pas ce que c’était. Mais c’était assez excitant. Ouais. Il y avait beaucoup d’appui pour ce qui se passait, c’est sûr.
Art Kube (Président, BC Federation of Labour) [00:01:27] Ce qui nous a frappés c’était que c’était aussi dans les circonscriptions du Crédit social où il y avait beaucoup de soutien pour nous.
Jim Sinclair [00:01:35] Bien sûr.
Art Kube [00:01:36] Et ça, ça a probablement fait plus que, que n’importe quoi d’autre pour au moins amener le gouvernement à y repenser.
Larry Kuehn (Président, BC Teachers’ Federation) [00:01:50] Oui, j’ai voyagé et pris la parole à des rassemblements, mais surtout pendant cette période, le, après que la direction de la BCTF ait adopté une proposition pour autoriser la BCTF à participer à une grève avec, vous savez, d’autres syndicats en solidarité. J’ai passé, vous savez, pratiquement un mois à parcourir la province pour parler à la plupart des groupes d’enseignants, vous savez, au sujet de quoi, de ce qui était proposé et pourquoi c’était important et de ce que nous devions faire pour essayer de changer les, les, les actions du gouvernement pour les amener à retirer les projets de loi.
Patsy George (Congédié travailleur social du gouvernement de la Colombie-Britannique & personnel de la Coalition Solidarity) [00:02:40] J’ai raconté une histoire à propos de comment j’ai été envoyée à Prince George, et je n’y étais jamais allée auparavant, et c’était…. Eh bien, j’y étais en tant que présidente de l’Association des travailleurs sociaux de la C.-B., mais pas pour organiser cette communauté, et, et je n’avais aucune idée comment établir des liens avec certains des syndicats du secteur privé. On m’a donc dit que la chose à faire est d’aller visiter un ou deux des bars qui sont fréquemment utilisés par les membres de l’IWA et divers autres. Et, et me voilà, vous savez, il y a 35 ans beaucoup plus jeune, une femme de couleur. Entrer dans ce, toute seule, dans un bar local plein d’hommes, tous avec leurs bières et je ne bois pas de bière, et…. Mais je me souviens que c’était assez un genre de situation nerveux. Mais en même temps, j’avais un travail à faire et j’étais convaincue que le gouvernement avait tellement tort que je pouvais influencer ces gens, pour, pour qu’ils connaissent des enjeux qu’ils ne connaissent peut-être pas. Alors j’y suis juste allé et j’ai dit : « Eh bien, je suis de la Solidarity Coalition, savez-vous quelque chose à ce sujet? Ou est-ce que je peux vous en dire un peu plus? Quand a lieu votre réunion locale? J’aimerais venir. Vous savez, en fait, la communauté locale planifie un rassemblement le vendredi après-midi ou le vendredi soir ou le samedi matin. Pourriez-vous vous joindre à nous? » Vous savez, je suis surprise d’avoir fait tout ça. Mais il faut, ils ont dû se demander qui est cette femme qui se promène dans le bar? Vous savez, particulièrement une femme sud-asiatique, parce qu’on ne voit généralement pas de femmes sud-asiatiques se promener seules ou se promener dans le, dans les bars mais vous savez, c’était le travail qui l’exigeait. Il faut tendre la main aux gens, et où qu’ils soient, c’est là qu’on va. Et je l’ai fait.
Art Kube [00:04:49] Certaines personnes disent : « Oh ouais, tu sais, ça se fait du jour au lendemain. » Eh bien, laissez-moi vous dire que ces choses ne se font pas du jour au lendemain. Elles se font parce qu’on y travaille. Il y a des gens qui organisent, des gens qui profitent de certaines situations, bien sûr. Et vous savez, nous avions par exemple, en Colombie-Britannique, on avait environ 1 000 personnes qui travaillaient pour des syndicats. Vous savez. Eh bien, laissez-moi vous dire qu’ils ont été mis à notre disposition. Tout, tout de suite. Vous savez, il n’y avait vraiment aucun problème. Tout le personnel à temps plein des syndicats dont on avait besoin. Et puis naturellement, il y avait beaucoup de gens qui, qui étaient tout simplement impatients de s’impliquer et qui l’ont fait. Alors c’est…. C’était, c’était, c’était vraiment une, ce que vous pouvez appeler, une chose qui se nourrissait d’elle-même et, et qui était capable d’effacer toutes les différences.