Chapitre 3 – Le jour du dépôt du budget, ou « jeudi noir »
Le jour de dépôt du budget est le 7 juillet 1983, ce que les Britanno-Colombiens appelleront plus tard le « jeudi noir ».
Un par un, les ministres prennent la parole à l’Assemblée législative afin de présenter un nouveau projet de loi. Une fois leurs présentations terminées, 26 mesures législatives sont tablées, avec un budget sabrant le financement de programmes sociaux essentiels dans l’ensemble de la province comme les refuges pour victimes de violence familiale. En un instant, la Human Rights Branch (Direction générale des droits de la personne) et la Commission des droits de la personne sont éliminées. Les commissaires et le personnel sont licenciés, et on leur demande de rendre leurs clés.
Apprendre les nouvelles, Hanne Jensen (limogé directeur de la BC Human Rights Branch)
Les Médiateurs de loyers, mis en place afin de protéger les droits des locataires, sont abolis avec les gels de loyers. Les propriétaires ont le droit d’expulser leurs locataires comme bon leur semble. La Commission des normes d’emploi , la Alcohol and Drug Commission (Commission des alcools et des drogues), les stations de mise à l’essai des véhicules, le BC Harbours Board (Conseil des ports de C.-B.) et l’examen législatif des sociétés d’État partent en fumée. Le gouvernement a de nouveaux pouvoirs afin de superviser les budgets des districts scolaires et de licencier tous les membres élus aux commissions scolaires.
Deux des projets de loi ciblent directement les travailleurs. Le contrôle des salaires a été prolongé indéfiniment. Le projet de loi n° 2, Public-Sector Labour Relations Act (Loi sur les relations de travail dans la fonction publique), a supprimé des droits de contrat comme l’ancienneté, la protection contre les licenciements, et plus encore contre lesquels des syndicats comme le BC Government Employees Union (Union des employés du gouvernement de la C.-B.) (BCGEU) se sont battus. Le projet de loi n° 3, la Public-Sector Restraint Act (Loi sur les restrictions salariales du secteur public), est encore plus choquant. Tous les employeurs du secteur public de la province, y compris le gouvernement, ont le pouvoir de licencier des employés sans raison valable.
Aucun gouvernement provincial au Canada n’avait jusqu’alors porté une attaque si massive en un seul jour sur tellement de droits existants, des « droits que la plupart des Britanno-Colombiens ont tenus pour acquis ».
(Sur la ligne: Une histoire du mouvement ouvrier de la Colombie-Britannique. 2018. Rod Mickleburgh)