Mémoires d’usine, histoires de vies
Extrait du documentaire vidéo Filon textile
Montage : Marc Lamontagne
Documentariste : Stéphanie Lessard-Bérubé
Caméra : Alex Chabot
Photographie : Steve Pellerin
Direction artistique : Suzanne Morin
Production : Musée Bruck
Durée : 2:49 minutes
En réponse à un appel à la communauté, des anciens travailleurs de l’usine se sont réunis au Musée Bruck pour des retrouvailles conviviales. Dans le cadre d’un projet de collecte de mémoires, des portraits et des entrevues vidéo ont été réalisés et plusieurs citoyens ont fait don de photos et d’objets reliés à leur emploi à l’usine. De nombreux exemplaires du journal des employés « Entre-Nous » furent ainsi recueillis car ils ont été précieusement conservés par les anciens travailleurs. Ce vidéoclip rassemble de brefs extraits de leurs témoignages.
Transcription :
(En voix off)
Suzanne Morin, directrice du Musée Bruck, s’adresse aux anciens employés de l’usine Bruck Mills réunis à l’occasion d’un événement retrouvailles au Musée Bruck.
Si vous regardez dans le lobby vers le haut, vers le premier étage, vous allez voir une toile qui est au fond. C’est la première verge de soie tissée au Canada en 1922 par la Bruck Mills.
(Séquence vidéo du lobby du Musée et de l’imposant escalier en bois foncé. Gros plan de la toile accrochée au mur et sur la plaque avec l’inscription « First Yard of Silk made in Canada – Produced by Bruck Silk Mills Ltd – on July 21st 1922.)
(Séquence vidéo d’une trentaine d’anciens employés réunis dans une grande salle du Musée Bruck discutant entre eux. Certains remplissent des fiches d’information et d’autres feuillettent des albums photos laissés sur des tables qui font face au buffet qui sera servi.)
(Séquence vidéo de l’affiche à la porte d’entrée du Musée annonçant l’appel à tous et les retrouvailles des anciens travailleurs de l’usine Bruck Mills.)
(Retour sur Suzanne Morin qui s’adresse aux invités dans la salle.)
Je vous remercie d’être venus en si grand nombre. On est en train de faire un projet de collecte de mémoire. Je sais à quel point l’usine Bruck Mills a été importante pour la ville ici, et pas seulement sur le plan économique mais aussi sur le plan social et culturel.
(Séquence vidéo d’employés qui se font photographier dans une autre salle transformée en studio par le photographe qui les invite à s’assoir à tour de rôle, pour de brèves prises de vue.)
(Images d’un groupe de jeunes femmes devant l’usine Bruck Mills vers les années 1950 et photographie d’une section des bâtiments montrant le magasin de tissu et un stationnement rempli de voitures datant du début des années 1960.)
(Photographie du Père Noël dans son traineau sur un char allégorique lors d’un défilé dont un camion de l’usine Bruck fait également partie, suivi des images de pages couvertures de la revue Bruck Fabric News présentant des vêtements reflétant la mode des années 1940.)
(Retour sur Suzanne Morin qui s’adresse aux invités dans la salle.)
La rencontre d’aujourd’hui c’est pour reconnecter avec les gens, pour que les gens se rencontrent, qu’ils nous disent qui ils sont, quand ils ont travaillé, qu’est-ce qu’ils ont fait à la Bruck.
(Séquence vidéo des invités qui jasent et se remémorent des souvenirs en regardant des photographies.)
(Suzanne Morin en voix off)
On aimerait savoir aussi s’il y a des savoir-faire qui ont disparu et on est très intéressés à vos histoires, à vos souvenirs.
(Séquence vidéo d’un invité qui a apporté sa carte d’employé de la Bruck Mills avec sa photo à l’époque.
(Séquence filmée d’un métier à tisser industriel opéré par une ouvrière de l’usine.)
(Séquence vidéo, extrait d’une entrevue avec Régina Lapointe, une centenaire animée qui a été employée à la Bruck de 1947 à 1967. Elle est interviewée chez elle en compagnie de sa nièce, Henriette Leduc Enright, qui est aussi une ancienne employée.)
En 47, avez-vous une idée du salaire qu’on avait? C’est pour ça qu’on faisait beaucoup d’heures! (dit-elle en riant).
(Séquence vidéo, un invité lit un exemplaire du journal des employés de l’usine « Entre nous ».)
(Séquence vidéo, extrait de l’entrevue avec Henriette Leduc Enright, nièce de Regina Lapointe et employée à la Bruck de 1948 à 1998. Elle est assise à la table de cuisine chez sa tante et tient une navette en bois dans ses mains.)
Je m’en suis gardé un, juste pour un souvenir. C’était comme ça quand mon père était là. C’était ces métiers-là. Après ça c’était bien différent parce que la navette, elle bougeait par elle-même, elle se remplissait par elle-même.
(Séquence filmée d’une travailleuse devant un métier à tisser en opération et mouvements de la navette.)
(Séquence vidéo, extrait de l’entrevue de Jean-Nil Gince, employé à l’usine de 1956 à 2000, interviewé au Musée Bruck)
Quand j’me suis en allé là, j’avais 19 ans, en 56. J’ai été là, ben j’ai été là… j’ai lâché en 2000. On faisait du tissu camouflage pour la chasse.
(Séquence vidéo d’une personne qui trie des photos anciennes de machines dans l’usine, apportées par un invité. Ces images sont suivies de photos noir et blanc de grosses bobines de fils.)
(Séquence vidéo, extrait de l’entrevue de Rita Deslandes, employée de 1943 à 1968, assise au côté de Marjorie Provencher Deshaies)
Comme qu’il y a ast’heure, des écheveaux de laine mais là nous autres, c’était en soie ou en coton. Après ça, ça se dévidait sur des bobines, ça ces bobines là s’en allaient soit sur les « spinners » (filateurs).
(Séquence filmée de fils de soie sur des bobines qui se dévident sur un « spinner » (filateur). On voit une opératrice devant un gros rouleau autour duquel le fil s’enroule au fur et à mesure qu’il se déroule de la bobine.)
(Séquence vidéo de Marjorie Provencher Deshaies, employée de 1947 à 1967, assise au côté de Rita Deslandes)
Nous autres sur les spinners c’était des gros racks. On allait porter ces gros racks là, on allait porter ça, au bout de nos bras. On travaillait fort, 45 livres, au bout de nos bras!
Retour sur Rita Deslandes
45 livres, au bout de nos bras!
(Séquence vidéo, extrait de l’entrevue avec Gilles Gagné, employé de 1967 à 2000, interviewé au Musée Bruck, d’abord en voix-off sur des image d’une pièce de tissu rouge où l’on voit l’inscription « A Bruck Fabric » sur la bordure.)
J’ai été mécanicien, j’ai été tisserand, j’ai été poseur de comptes, enleveur de pièces.
(Séquence vidéo, extrait de l’entrevue avec Dosko Milimonka, employé de 1951 à 1987, interviewé au Musée Bruck.)
Thirteen years, thirteen hours, the night shift. After that, you know, I was probably a good worker, they choose me for a foreman. (Treize ans, treize heures, le quart de nuit. Après ça vous savez, probablement parce que j’étais un bon travailleur, ils m’ont choisi pour être contremaître.
(Séquence vidéo d’anciens travailleurs attablés, alors que M. Milimonka se dirige vers la salle ou le buffet est servi. Il est accompagné de sa fille.)
(Séquence vidéo, extrait de l’entrevue avec Marcelle Cardinal, employée à la Bruck pendant 6 ans en tant que dessinatrice)
Après avoir vu tous mes dessins et mes peintures, ils m’ont engagée tout de suite comme dessinatrice mais dans ce temps là ça s’appelait « l’engraving » (la gravure), avec un gros crayon en fer, en acier, là on gravait ça sur des plaques.
(Séquence vidéo d’un travailleur devant un immense rouleau de tissu à gros motifs de feuillage imprimé à partir d’un cylindre de métal sur lequel les motifs sont gravés, semblable à une presse d’imprimerie offset.)
(Séquence vidéo, extrait de l’entrevue avec Yvette Choinière, employée de la Bruck de 1963-1964)
Moi mes plus beaux souvenirs de l’usine, c’est sûr, c’est les tissus, les couleurs, les senteurs, tout ce qu’on faisait, la texture, les rouleaux.
(Séquence filmée de fils tendus sur un métier à tisser jacquard, suivi d’images d’une ouvrière examinant un tissu imprimé défilant à la verticale)
(Retour sur Henriette Leduc Enright)
J’ai connu Gerald Bruck. Oui, il faisait souvent sa tournée dans l’usine. Oui, j’ai aimé ça. J’ai passé ma vie là. Faut croire que j’ai aimé ça!
(Photographie d’un grand tableau mural intitulé « La Bruck Mills au fil du temps », composé de photos d’archives, de légendes et de dates qui forment une ligne du temps illustrée. Comme l’indique son sous-titre, la murale retrace les histoires d’usine, les histoires de vies et les histoires d’artistes que le Musée préserve pour les générations futures.)