La grève de 1973, une industrie en perte de vitesse
Les années 1960 et 1970 sont le théâtre de nombreux conflits de travail au Québec et la Bruck Mills ne fait pas exception. Une grève majeure éclate en 1973, portant principalement sur les salaires et les heures de travail. L’industrie textile, qui faisait déjà face au défi de la concurrence étrangère, accuse le coup.
Le débrayage
La production est interrompue dans les trois usines que la compagnie opère au Québec et la grève touche plus de 1 100 employés. Elle dure sept semaines aux usines de Cowansville et Saint-Jean-sur-Richelieu et dix semaines à celle de Sherbrooke. La Bruck subit des pertes financières considérables.
La grève et la syndicalisation sont vécues péniblement autant par les dirigeants que par les travailleurs. Les grévistes exercent une forte pression, à tel point qu’un ancien cadre de la compagnie parle d’intimidation lorsqu’il évoque la « demi-douzaine de fiers-à-bras avec des battes de baseball » qui sont rentrés dans son bureau. Le climat est tendu. Selon lui, pourtant, la grève a permis de niveler des écarts de salaires inéquitables et de mettre fin à certains privilèges injustifiés.
Un résultat mitigé
Certes, des gains sont obtenus au niveau salarial à l’issue du conflit. Bien que cet épisode ait marqué les esprits, le retour au travail se fait relativement sereinement. Cependant, la compagnie doit compenser cette hausse salariale qui a des répercussions sur les coûts de production. Elle va procéder à l’achat de machinerie, réduisant inéluctablement le nombre de travailleurs dans l’usine.
La promotion du français comme langue de travail
Les débats linguistiques des années 1960-1970 au Québec amènent la mise en place de mesures faisant la promotion du français comme langue de travail et l’Office de la langue française organise des rencontres avec les représentants de diverses industries. Le questionnaire rempli par le directeur du personnel de la Bruck Mills rapporte qu’en 1970, même si 90% des employés de la compagnie comprend et parle le français, l’anglais demeure largement utilisé au niveau de l’administration et des ventes. Le français est surtout parlé dans l’usine et les communications ayant trait aux employés sont bilingues. L’entreprise ne dispose pas d’un lexique de termes techniques en français et les termes anglais sont souvent utilisés par les francophones.