A.C. Leighton : l’héritage pictural de ses débuts
« À aucun moment, il n’a jamais, jamais perdu de vue sa peinture ».
— Barbara Leighton
D’après Barbara Leighton, A.C. tendait ses propres toiles et les préparait en les couvrant de peinture blanche au titane avec un couteau à palette. Il mélangeait parfois la peinture à d’autres supports pour créer une texture sur la toile. Il peignait souvent un lavis de couleur sur la toile avant de commencer à peindre. Il n’a absolument jamais peint à partir d’une photographie.
Pour préparer un tableau, il réalisait de nombreux croquis et études en plein air ou à partir de la vie, au graphite, au pastel, à l’aquarelle ou à l’huile, avant de commencer ses peintures à l’huile à grande échelle sur toile.
Si A.C. était très sérieux dans sa pratique, il avait toujours les pieds sur terre et un grand respect pour le goût des « gens ordinaires ». Barbara se souvient qu’« il demandait souvent conseil à tout un chacun, [..] si un camionneur arrivait ou si quelqu’un venait livrer de l’eau, il lui demandait de regarder le tableau sur lequel il travaillait. Parce que même s’ils disaient : « Je ne connais rien à la peinture », ils pouvaient détecter quelque chose qui n’allait pas. Une fois le tableau terminé, A.C. le mettait en réserve. Il ne l’exposait ni ne le vendait avant d’avoir vécu avec l’œuvre pendant un an. C’est seulement à ce moment-là qu’il pouvait dire si le tableau lui semblait acceptable ou non selon ses critères exigeants. Les peintures qui ne répondaient pas à son approbation étaient détruites.
« .. Il ne pensait qu’à une chose et [..] quand il était au lit, il avait un carnet de croquis sur sa table de chevet, quand il mangeait, il avait un carnet de croquis à côté de sa table.”—Barbara Leighton
Bien que physiquement et mentalement éprouvant, son engagement envers son art a été payant. Ses expositions en Angleterre en sont la preuve. A.C. exposait avec la Royal Society of British Artists à la fin des années 1920. En 1929, ses œuvres sont accrochées « à hauteur d’œil » lors des expositions de la British Academy à la Burlington House de Londres et au Salon de Paris. Lors de grandes expositions comme celles-ci, les meilleures peintures étaient honorées en étant accrochées à hauteur des yeux, tandis que les peintures moins désirables étaient accrochées plus haut.
La même année, ses œuvres ont eu l’honneur d’être exposées dans les magasins Eaton de tout le Canada, de Montréal en septembre jusqu’à Saskatoon en novembre, juste avant son retour à Calgary en décembre. Les expositions ont reçu des critiques positives et ont été prolongées d’une semaine ou deux dans certaines villes.
Le maître aquarelliste W.J. Phillips a rédigé une critique très positive de l’exposition de Winnipeg. « J’ai toujours éprouvé une véritable admiration pour le superbe talent de dessinateur de ce peintre, la qualité de ses couleurs et son comportement en général. J’ai convoité nombre de ses esquisses. J’avoue fièrement que j’en possède maintenant une. Elle restera l’un de mes biens les plus précieux ». Plus tard dans l’année, Phillips et Leighton organiseront une exposition commune au Musée d’art d’Edmonton (aujourd’hui la Galerie d’art d’Alberta).
En 1935, aux côtés de Franklin Carmichael, membre du Groupe des Sept, A.C. est élu membre associé de l’Académie royale des arts du Canada. La même année, la Vancouver Art Gallery organise une exposition de ses œuvres. En 1939, il remporte le prix du « Meilleur tableau » à l’exposition universelle de New York. Aujourd’hui, ses œuvres font partie de collections dans tout le Canada, et on les trouve notamment au Glenbow Museum, au Whyte Museum of the Canadian Rockies, à l’Alberta Foundation for the Arts et au Musée des beaux-arts du Canada.
Il ne fait aucun doute que les exigences de l’enseignement à plein temps, des nombreux voyages pour les expositions et de sa pratique artistique ont eu des répercussions sur A.C. et ont été à l’origine des problèmes de santé qui l’ont finalement forcé à démissionner de son poste au Tech. Il a longtemps dû vivre avec des blessures causées par un léger accident d’avion alors qu’il apprenait à piloter pendant la Première Guerre mondiale, des engelures dues à la peinture dans les Rocheuses, l’épuisement dû à l’enseignement et une encéphalite. Après sa démission, A.C. ne peindra pas pendant six ans. Barbara et lui séjournent en Angleterre pendant un certain temps avant de revenir au Canada pour s’installer à Chilliwack, en Colombie-Britannique.
« Ace a dit une fois à quelqu’un [..] peindre, c’est comme lire vos lettres d’amour à un étranger ». —Barbara Leighton