So, so, so, solidarité : les débuts du syndicalisme
La Deuxième Guerre mondiale voit la montée du syndicalisme ouvrier au Canada. La Compagnie Rolland n’y échappe pas. Or, parmi les trois usines importantes à Saint-Jérôme, il s’agit de celle qui offre les meilleures conditions de travail. Le nombre de grèves y est donc moins élevé.
Au début de 1942, la Fraternité internationale des travailleurs en papier commence à recruter à Mont-Rolland. La première grève s’y déroule et est causée par un différend à propos du travail le samedi : les employés refusent de travailler s’ils ne sont pas payés à temps et demi.
La division de Saint-Jérôme tombe aussi en grève pour les soutenir, totalisant alors près de 800 grévistes. En réponse, la compagnie décrète un lock-out d’une semaine. Cinq semaines plus tard, le syndicat est reconnu par la direction et une première convention collective est signée. Ce règlement pacifique témoigne de la bonne volonté et de l’esprit de collaboration qui animaient aussi bien la direction que les employés.
À partir des années 1960, les usines canadiennes fonctionnent de plus en plus sous le principe des opérations continues : les machines roulent sept jours sur sept. La Compagnie Rolland cherche à suivre cette tendance afin d’augmenter sa production et de faire face à la concurrence, mais le syndicat s’oppose vivement au travail le dimanche. Dès 1961, la direction doit gérer plusieurs grèves, notamment celle de 1966 qui a duré quatre semaines. La situation est finalement réglée en 1968 : les employés travailleront en continu seulement pendant huit mois, soit d’octobre à mai. Durant l’été, il y aura interruption du travail le dimanche.
Alors que le calme semble être revenu, une nouvelle grève d’envergure se déclare en 1970 dans l’ensemble de l’industrie papetière. Les revendications touchent principalement au salaire et à l’horaire de travail. D’une durée de six semaines, elle est la plus longue que la compagnie ait vécue.
En 1973, le syndicat fait des demandes qui permettent à la Compagnie Rolland de se démarquer des autres usines du Québec et du Canada. D’abord, le virement automatisé des paies est institué, après une entente avec la Caisse populaire de Saint-Jérôme. De plus, grâce au syndicat, l’horaire de travail 4-2, soit 4 jours de travail pour 2 jours de congé sur une base de sept jours, est implanté dans la compagnie, devenant une des premières entreprises canadiennes à obtenir cet horaire.
La grève de 1967 (sous-titrage disponible en FR et en EN) – Regarder la vidéo avec la transcription (FR)