Description de l’usine de Saint-Jérôme
Provenance : Journal Le Nord, 22 novembre 1883.
Lecteur : William Chartier-Montreuil, 2020
Transcription :
Nos lecteurs nous sauront gré, nous n’en doutons pas, de leur donner aujourd’hui la gravure représentant la nouvelle fabrique que possède notre ville, et dont tout le comté de Terrebonne a le droit de s’enorgueillir.
Voici quelques détails sur les constructions de cet établissement, le plus considérable, dans son genre, de la puissance du Canada.
Le corps de la bâtisse principale, est d’un aspect superbe, il mesure 300 pieds de longueur. La tour au centre a 30 pieds carrés. Dans la partie sud ouest [sic] sont placés : les roues, ou pouvoir moteur, une immense chaudière rotative destinée à faire subir aux chiffons la première préparation, les engins qui par le lavage les convertissent en pulpe et les chambres d’égouttage qui reçoivent la pulpe sont des constructions très ingénieuses et très dispendieuses.
La bâtisse adjacente que l’on voit en arrière du corps principal mesure 125 pieds par 55. C’est dans cette partie que se trouve la machine à faire le papier. Rien n’est plus intéressant que de voir fonctionner une machine aussi perfectionnée que celle qui occupe ce département. À côté, la bâtisse des bouilloires avec sa colossale cheminée. Ces deux constructions sont comme le pendant des premières, et sont d’une solidité remarquable. La construction, qui apparaît, surmontée d’une tourelle, est destinée à servir d’entrepôt, elle mesure 125 pieds de longueur; en arrière est la boutique des mécaniciens. Il y a, de plus, à gauche des deux dernières, une autre grande bâtisse, qui ne paraît pas sur le plan, elle est à trois étages, mesure 40 pieds carrés et est d’une forme élégante.
Dans la manufacture sont installées les machines les plus perfectionnées. Elles sortent des ateliers les plus en renom. M.E.D. Jones, de Pittsfield, Mass. a fourni les engins. La machine à faire le papier a été construite par la Union Machine Cie de Fitchburg, Mass. Les roues ont été manufacturées à Owen Sound, Ont., chez MM. Kennedy et fils qui ont obtenu un grand succès pour les améliorations qu’ils ont apportées à la confection des roues dites Loeffel.
L’énorme bouilloire rotative mentionnée plus haut, vient de chez M. Levering, de Boston. M. Georges Brush, de Montréal, si bien connu pour la supériorité des ouvrages sortant de son établissement, la «Eagle Foundry» a fourni tous les accessoires en fer et en fonte. Entre autres pièces importantes sont deux immenses bouilloires en acier, un tube énorme en fer pour conduire l’eau sous les roues, les boîtes de roues, les transmissions, les engrenages, les poulies et tous les accessoires à ces diverses pièces d’ouvrage.
Les plans et devis avaient été confiés à M.E.D. Jones, de Pittsfield, ingénieur mécanicien et architecte, homme de la plus grande expérience dans la construction des manufactures de papier dans les États-Unis, et il a voulu se surpasser au Canada; aussi M. Rolland a lieu de se féliciter de l’habileté de son architecte.
On se rappelle que l’exécution des plans fut confiée à notre ingénieux concitoyen M. H. Matte qui a su remplir sa tâche avec un plein succès.
Le nom de M. Rolland et sa longue expérience sont une garantie de succès pour cette grande entreprise. Cet homme énergique n’a rien entrepris qui n’ait réussi; il a confié à son fils M. S.J.B. [Stanislas Jean-Baptiste] Rolland la direction de ce vaste établissement. Le Bureau principal de la Compagnie est à Montréal chez M. J.B. Rolland et fils.