Le métier de compteuse à la Compagnie Rolland
Réalisation : Boréalis
Invitées : Denise Grignon, Cécile Labelle, Monique Thibodeau
Date : 2013
Transcription :
Denise Grignon, Monique Thibodeau et Cécile Labelle sont assises devant la caméra et parlent alternativement. L’entrevue a lieu à la maison des retraités de la Compagnie Rolland.
Denise Grignon : Moi, c’est Denise Grignon. J’ai travaillé à la Compagnie Rolland, [en] 1959. J’ai trié du papier seize ans de temps jusqu’en 75. Ensuite, en 75, ils ont fermé le département du triage, j’ai appliqué sur une job d’homme pis j’ai été travaillé aux p’tits formats, qu’ils appelaient ça les Lenox, jusqu’en… le 2 juin 98. J’ai terminé là. [petit rire]
Monique Thibodeau : Bien moi j’ai commencé en 1958 pour terminer comme trieuse et compteuse, examinatrice, ni plus ni moins. Puis, j’ai terminé en 1975.
Cécile Labelle : Moi, c’est Cécile Labelle. [Ma] [première] emploi, ça a été à Compagnie Rolland de Mont-Rolland, 1957 à 1965. Pis Saint-Jérôme, ça a été 1966 à 1971. Pis en 71, ça a été à Mont-Rolland jusqu’en 1976.
Défilement de trois photographies noir et blanc durant les explications de Monique Thibodeau et de Denise Grignon. On y voit, en ordre, une employée de la compagnie en train de compter une pile de feuilles, la salle de comptage à l’usine ainsi qu’une examinatrice vérifiant des feuilles.
Monique Thibodeau [voix hors champ] : C’était l’fun apprendre à…
Denise Grignon [voix hors champ] : À compter, à tourner les feuilles, pis qu’est-ce qui étaient [bonnes]. Les feuilles qui étaient pas bonnes, on avait un panier. On jetait les feuilles là, pis après ça, on comptait. On faisait le comptage des rames de papier. On les pilait sur une autre tablette, avec des palettes, pis on les comptait. Pis après ça, un homme les prenait pis les mettait sur un [skip] de bois. C’était l’fun. On a eu beaucoup de plaisir. On avait une examinatrice qui examinait nos rames. Pis quand elles étaient pas belles, avaient des défauts, ils faisaient des p’tits tirets pis on recommençait nos rames.
Les trois femmes sont debout, derrière une table sur laquelle se trouve une pile de feuilles. Elles manipulent le papier tout en donnant des explications.
Monique Thibodeau : J’examine le papier pour voir s’il y a un p’tit défaut. Des fois, c’est des points noirs. Des fois, c’est des cassures.
Cécile Labelle : Des fois, c’était feuille par feuille. Mais là, fais comme si c’était pas feuille par feuille.
Intervieweur : Qu’est-ce que vous voulez dire par cassure?
Monique Thibodeau : Des cassures, c’est un pli qui se forme dans le papier pis c’est ça qu’on dit qui est une cassure. Des fois, il y a des p’tits points. Des p’tits points noirs. Ça peut dépendre, je sais pas, de la machine qui l’a faite. Puis après ça… Quels défauts qui peut avoir? Des taches!
Cécile Labelle : Des trous.
Monique Thibodeau : Des trous. Pis après ça, ben c’est ça. Là, après qu’on a terminé de… qu’on a un bon montant de feuilles de papier, à ce moment-là, on peut le compter. C’est là, mettons qu’on prend… Pour avoir 500 feuilles, faut les compter 4 par 4. [Démonstration de la technique.] Comme ça. Jusqu’à 125. Ce qui donne 500 feuilles. Mettons en faisant un éventail comme ça, on va chercher les 4 feuilles à la fois.
Illustration en noir et blanc d’une publicité de la Compagnie Rolland représentant différents usages du papier.
Denise Grignon [voix hors champ] : Quand les personnes les plus vieilles que nous autres allaient en avant et triaient le papier, c’était feuille par feuille. Fallait qu’elle la mirait.
Monique Thibodeau [voix hors champ] : Ça, c’était du mirage.
Denise Grignon : Là, tu la regardais comme faut, comme ça. S’il y avait pas de défaut. Tu la déposais là.
Les 3 en même temps : [C’était pour du papier de qualité.]
Denise Grignon : Des fois, il y a des taches. C’est ça, ils appelaient ça le triage. Très sévère. Quand la feuille était pas bonne, on la jetait comme ça dans le panier. [Imite le geste]
Angle de vue sur Monique Thibodeau donnant des explications.
Monique Thibodeau : Disons, quand ça a fermé, qu’ils ont fermé le département du finissage pour les filles, c’était pas pour rien. C’était qu’il y avait une trieuse… compteuse automatique, qui faisait l’ouvrage de beaucoup de femmes. Pis ils ont trouvé que c’était plus avantageux pour la compagnie de ne plus faire trier et compter le papier par les femmes. Que ça, c’était plus avantageux, cette machine-là, pour eux autres.