En attendant le soir de Noël
Photo gracieuseté de Frank et Ann Murphy
Frank : Noël, dans les années 1940-1950, il y a [70] ans… Ce n’est pas comme le soir de Noël de maintenant parce que les enfants, on peut dire qu’il y en avait bien plus qu’aujourd’hui, il y avait des familles, disons, de 6, 8, 10 ou 12 enfants qui savaient que le lendemain c’était Noël… « Qu’est-ce qui se passe? ». Parce que, il faut bien le dire, nous à Parker’s Cove, on était vraiment impatients parce qu’on savait qu’on allait recevoir une grosse barrique de nos grands-parents de St. John ‘s. On savait qu’il y avait quelque chose dans la barrique mais on ne savait pas où elle était. On n’arrivait pas à la trouver. C’était déjà la veille de Noël. Est-ce qu’elle était arrivée?
Intervieweuse : Alors quand vous alliez au lit le soir de Noël…?
Frank : On avait peur, on se demandait si le vapeur était arrivé, si quelqu’un était allé à Baine Harbour pour récupérer la barrique. Avant d’arriver au quai de John Rodway, là où le vapeur accostait, on sentait la barrique avec les odeurs de pommes et d’oranges et on savait qu’elle était là mais il n’y avait pas d’odeur dans la maison.
Intervieweuse : Alors vous ne saviez pas où était la barrique…
Frank : Où ils la cachaient parce ce que quelqu’un devait allait à Baine Harbour, en général c’était Alb Synard, le type qui avait le magasin là-bas [à Parker’s Cove]. On allait toujours chez Alb Synard pour y sentir les pommes et les oranges parce qu’il en avait dans le magasin mais c’était juste un petit magasin alors où pouvait-il la cacher?
En tout cas, quand on se levait le matin, on recevait une pomme, une orange, et parfois une paire de patins usagés. Mais tout ça arrivait de St. John’s, de chez les parents de maman. Ils envoyaient cette barrique tous les ans, sans faute. On attendait la veille de Noël avec impatience parce qu’ils mettaient une demi-douzaine de paires de patins usagés dans la barrique, une fois qu’on avait la sienne, il y avait d’autres enfants du coin qui voulaient une paire de patins. Alors je me demande, est-ce que la barrique contenait des paires de patins en plus? Mais la veille de Noël, on ne savait pas tout ça jusqu’au matin de Noël. On y pensait toute la nuit de Noël.