Frank raconte le repas de Noël
Photo gracieuseté de Frank Murphy
Vous voyez, je ne peux parler que de Parker’s Cove. À Parker’s Cove, presque tout le monde avait des moutons, et, au printemps, les moutons avaient des agneaux. OK, si une personne qui avait des moutons avait, disons, quatre béliers, elle se disait on va en tuer deux pour Noël. Tous ceux qui voulaient un gigot de mouton pour Noël, il fallait le dire à cette personne, vous voyez. C’est comme ça qu’ils faisaient, et tout le monde avait hâte parce que presque tous les hommes de Parker’s Cove, à cette époque, étaient à Lunenburg, c’est là qu’ils allaient pêcher, la plupart étaient à Lunenburg et les autres travaillaient généralement comme débardeurs. Quand ils rentraient pour Noël.
Je me souviens d’un Noël en particulier, quand papa est revenu de chez M. Peter… « Lil, il a dit. As-tu commandé un morceau de mouton pour Noël? ». « Mon dieu! Jack, elle a répondu, j’ai complètement oublié ». On était presque à Noël et on savait que si on n’avait pas de mouton, on n’avait rien, il n’y avait pas de dindes ou de poules, rien.
Et puis, on n’avait plus de bois, je n’oublierai jamais ça. Et papa, avant d’aller à Lunenburg, il avait coupé du bois sur l’autre rive, dans un endroit qu’on appelait Cooper’s Cove. Alors papa, Alec et moi, on est allés à Cooper’s Cove pour remplir le doris de bois. Quand on est arrivés où il avait laissé le bois, il y avait un peu de neige ce soir-là et il y avait des empreintes de lapin. Les lapins étaient extrêmement rares à cette époque. Alors papa est retourné au doris et il a pris de la ligne sud [un type de ligne très solide utilisée pour attacher des hameçons à une palangre] que les pêcheurs ont pour leurs lignes, pour les palangres, et papa est allé en chercher deux morceaux et il a posé deux ou trois collets. Le lendemain, il faisait beau et je crois que c’était juste avant Noël. On est retournés sur l’autre rive parce qu’on devait ramasser du bois, parce que le premier jour, on en avait ramassé une partie et on devait ramasser le reste et le mettre sur le doris. Papa a dit : « Toi et Alec, essayez de mettre le bois sur le doris et moi, je vais voir les collets ». Quand il est revenu, il avait deux lapins… c’était parfait pour Noël, c’est ce qu’on a mangé cette année-là, ces deux lapins, et ils étaient sacrément bons à ce moment-là parce qu’on n’avait pas autre chose. Oui, c’est ce qui s’est passé chez nous.