Le spectacle de la Saint Patrick
crédit: photo tirée du St. Paul’s Central High School Yearbook
Intervieweuse : Racontez-moi le spectacle de la Saint Patrick… la première fois que vous avez participé au spectacle de la Saint Patrick, qu’est-ce que vous faisiez?
Mary : La première fois que j’y ai participé, j’habitais Placentia. On montait ces spectacles là-bas et j’ai pris l’habitude d’y participer, et je n’étais pas du tout timide. [J’ai participé aux spectacles] jusqu’à ce que je rentre chez moi et là, j’ai commencé à participer aux spectacles de la Saint Patrick ici. Et ils étaient bien différents car ce que nous faisions là-bas et ce que nous faisions ici, ça n’avait rien à voir. Là-bas, ce qu’ils faisaient c’est qu’ils se rassemblaient tous, choisissaient un sketch, rentraient chez eux, chacun répétait son rôle puis revenait le soir du spectacle. Mais ici, quand j’ai commencé en 91, on se réunissait, on recevait son rôle et tout le monde venait à chaque soir et restait parfois jusqu’à deux heures du matin pour essayer de tout mettre en place, et ça pouvait durer un mois, même six semaines avant le spectacle.
Elizabeth : C’est comme disait Cyril, ils faisaient un spectacle pour le public et dix-sept pour eux-mêmes.
Mary : Au début, on faisait un spectacle à chaque soir et, à cette époque, c’était tellement différent d’aujourd’hui. On prenait son temps, même si les gens qui participaient au spectacle avaient un travail et de jeunes enfants, et ce genre de choses. D’ailleurs, il y avait des femmes enceintes dans le spectacle et des femmes qui avaient de jeunes enfants à la maison mais personne n’était pressé. On arrivait et on restait; on se disait : OK, je ne passe pas avant 11 heures. Et c’est bien comme ça…. Mais aujourd’hui, on est pressé : « Allez les gars, mettons-nous au travail » et tout le monde a des choses à faire le lendemain et ce genre de chose.
Intervieweuse : Et quel genre de chose faisiez-vous dans le spectacle?
Mary : Tout, à peu près tout ce qu’il fallait faire, des choses que personne ne penserait à faire comme retirer mon dentier sur scène devant tout le monde.
Intervieweuse : Je me rappelle que vous avez fait un sketch sur les pommes, une année que j’y étais.
Mary : Oui, on a fait ça moi et Hannah, Hannah Emberly, et une autre année, on en a fait un sur les œufs où Buddy achetait [vendait] des œufs. Il arrivait chez une vieille dame pour lui vendre des œufs. Et puis, quand il en avait compté un certain nombre… ça fait un, deux, trois… « Au fait, vous savez à quel numéro untel ou untel habite? ». Et elle devait répondre : « Je crois qu’il habite au numéro 16 ». Ah, d’accord, 16, 17, 18, 19. Et il continuait comme ça et, en fin de compte, si elle voulait trois douzaines d’œufs, elle en avait peut-être une et demie parce qu’il l’avait embobinée.
Intervieweuse : Vous vous souvenez, vous m’avez parlé d’une récitation que vous avez présentée lors du spectacle une année?
Mary : J’ai récité « Me Mudder ». Mon dieu! C’était tellement drôle de faire ça.
Mme Ann : Vous vous en souvenez?
Mary : Qui m’a posée sur le pot gelé pour que je fasse pipi alors que je n’avais pas envie? Ma mère. Celle-là. En tout cas, on s’est bien amusé avec ça, on a beaucoup ri, on avait un fou rire presque tous les soirs. Il y avait des soirs où j’arrivais sur scène et je ne pouvais pas dire mon texte parce que le reste de la troupe riait tellement à cause du costume que je portais, je n’avais pas de dents et je portais une robe rouge. Et un soir, quand je suis arrivée sur scène pour dire ma récitation, pas un rire, pas un rire dans le public. On ne comprenait pas ce qui se passait. Mon dieu, on s’est dit, qu’est-ce qui leur prend? Ils n’ont aucun sens de l’humour? Et après coup, on a compris : ce n’était pas qu’ils ne trouvaient pas ça drôle mais ils écoutaient pour comprendre ce que je disais.
Intervieweuse : Et vous avez aussi participé à des spectacles quand vous étiez enfant? Quand vous étiez jeune, à l’école.
Mary : Oh, mon dieu, oui. À cette époque, les enseignants distribuaient les grands rôles à certains enfants. Peut-être parce que je n’étais pas la plus brillante de la classe ou je ne sais quelle raison, toujours est-il que je n’ai jamais eu de grand rôle.
Intervieweuse : Vous présentiez les petites récitations?
Mary : Oui, je faisais toujours les petites récitations et les danses s’il y en avait; on participait aux danses et aux chants. Frère Tom me raconte toujours un spectacle qu’il a joué. Il avait deux répliques à apprendre. Six semaines, il lui a fallu pour les retenir. « Prochain arrêt, Benny. Benny est le prochain arrêt ». Et le train arrivait et c’était tout ce qu’il avait à faire, tenir la pancarte et dire : « Prochain arrêt, Benny. Benny est le prochain arrêt ». Et il dit qu’il lui a fallu six semaines pour apprendre son texte parce que l’institutrice répétait sans cesse : « Tu ne le dis pas comme il faut » et il ne comprenait pas pourquoi.
Intervieweuse : Eh bien, il n’y a pas de train ici donc ça ne voulait pas dire grand-chose pour lui.
Mary : Le plus drôle c’est qu’il a fini par travailler pour le chemin de fer Canadien Pacifique.
Intervieweuse : Oui, il a passé une bonne partie de sa vie à s’occuper des trains finalement. Il aurait dû s’abstenir de dire : « Benny est le prochain arrêt »…
Mary : Il aurait mieux fait de ne pas dire ça, en effet.
Intervieweuse : Donc vous dansiez lors des spectacles. Des danses de variété.
Mary : Oh oui, mais en fait, c’est surtout Gladys qui dansait lors des spectacles. Moi non sauf quand on dansait en groupe. Et on a fait la danse carrée pendant deux ans, ou cinq ou six. Il y avait la danse carrée dans le spectacle mais on n’était pas les danseurs. On s’amusait quand même bien lors des spectacles, quand on se préparait et tout ça. Mais, à présent, on n’a plus le même humour qu’à l’époque, pas vrai? C’est bien, c’est très bien mais ce n’est plus Paddy’s Day.