London, ON, en 1914
« Le beurre est plus cher à London qu’à Montréal »
« Le maire Graham gagne le contentieux pour les citoyens qui s’opposent au tramway »
« L’Association d’athlétisme des producteurs organise une grande journée champêtre annuelle »
Ce sont quelques titres que les Londoniens pouvaient lire dans The London Evening Free Press pendant 1914. Le journal avait un tirage de 40 000 exemplaires dans le Sud-Ouest de l’Ontario et plusieurs abonnés vivaient à London, ON. Il s’agissait d’une ville en croissance comptant déjà 55 000 habitants; après plusieurs annexions, elle s’étendait désormais aux limites des rues Wreay, Victoria and Egerton et du chemin Wharncliffe. Les plaques de rue venaient d’être installées en 1910. Des maisons de maître, mais aussi des petites maisons ouvrières et des immeubles surpeuplés donnaient sur les rues larges et ombragées de la ville. Les habitants étaient pour la plupart d’origine britannique, mais il y avait aussi des immigrés, comme les Italiens et les Russes.
En 1914, les Londoniens avaient élu maire le commerçant Charles Graham pour la troisième fois; celui-ci relança l’économie de la ville après la récession des années précédentes. Sir Adam Beck, engagé depuis longtemps dans la politique locale, représentait la ville au parlement provincial, d’où il dirigea les travaux visant à développer un réseau d’énergie hydroélectrique en Ontario en 1910. L’électricité était désormais moins chère et plus accessible aux Londoniens. Parmi les autres changements importants figurent l’introduction d’un service de collecte des ordures en 1913 et le système de colis postaux en 1914. Les habitants avaient aussi accès à bien d’autres services publics et institutions. Le premier Hôpital Général Victoria et l’Hôpital St. Joseph assuraient les soins médicaux; la ville disposait également d’un sanatorium pour le traitement de la tuberculose, d’un asile et d’une maison de convalescence. Pour les besoins spirituels, les Londoniens pouvaient choisir parmi soixante églises, qu’elles fussent de confession anglicane, catholique, protestante, etc.
Les écoles aussi abondaient : l’école publique St. George et le London Collegiate Institute. Le collège Huron et l’Université Western offraient une éducation de haut niveau. L’Université Western avaient été fondé en 1878 en collaboration avec le diocèse anglican. Lorsque, en 1908, elle devint une institution laïque subventionnée par la ville, on y dispensait trois types de formation : en sciences humaines, en théologie et en médecine. Cette institution connut des changements importants en 1914. Le Dr. Edward Braithwaite fut nommé premier président à temps plein et Hilda Baynes devint la première femme membre du corps professoral. L’université changea aussi ses couleurs : du violet et noir au violet, rouge et or.
L’Université Western donna à London un aspect plus sophistiqué; cependant, la ville demeurait fondamentalement un centre industriel de premier plan (elle était, entre autres, le deuxième plus grand producteur de cigares au Canada). Il y avait à London plus de 200 manufactures, fabriquant des produits de toute sorte : des bonbons aux vêtements, des calendriers aux voitures. Les céréales Kellogg’s et la bière Labatt étaient des produits bien connus dans toute la province. Des hommes, des femmes et des enfants travaillaient entre 45 et 60 heures par semaines pour des entreprises de fabrication comme McClary et McCormick. Il y avait aussi d’influentes sociétés financières, telles que London Life Insurance Co. et Huron and Erie Loan ans Savings Co.
Toutes ces entreprises pouvaient compter sur le vaste réseau ferroviaire de London, qui comprenait des lignes transcontinentales et des lignes américaines. Le trafic ferroviaire de London dépassait celui de toute autre ville canadienne. Il y avait aussi à London un système de tramway, lequel entama la transition à l’alimentation électrique en 1913. Finalement, en 1914, on introduisit le service dominical et les Londoniens en profitèrent pour aller à l’église.
Bien que la religion fît partie intégrante de la vie des Londoniens, la présence était encouragée par le fait que les membres des ligues sportives étaient obligés de fréquenter l’école du dimanche ou l’église. Ceux qui préféraient la lecture à la course pouvaient choisir parmi les 35 000 livres de la Bibliothèque Publique de London, laquelle s’agrandit en 1914 avec la création d’une succursale. D’autres activités populaires comprenaient les jeux de cartes, le théâtre, le jeu des quilles et les billards, tandis que les citoyens les plus chahuteurs se réunissaient dans les hôtels et dans les bars de la célèbre « Whisky Row » sur la rue King. De l’autre côté de la rue il y avait le marché Covent Garden, un pôle de commerce encore actif.
Les Londoniens pouvaient adhérer à de nombreuses associations, parmi lesquelles la Human Society, l’Union Chrétienne des Jeunes Gens, le Young Hebrews’ Social Club. Les femmes avaient leurs propres associations, comme la Croix Rouge et l’Imperial Order Daughters of the Empire. Elles militaient pour de nombreuses causes, allant du sans-abrisme à l’éducation musicale.
Il y avait au début du XXe siècle trois grands parcs à London : Springbank, Queen’s et Victoria. Le parc Springbank était à cette époque-là le plus grand parc naturel dans l’Est du Canada, et les Londoniens pouvaient en profiter en faisant des promenades en calèche au clair de lune. En 1914, un parc d’attractions ouvrit juste à côté. Ces parcs accueillaient des pique-niques, des matchs de tennis, de baseball, du patin à glace et bien d’autres activités. En 1887, le parc Queen’s, situé à l’est de la ville, commença à accueillir l’incontournable Western Fair. En 1912, le gouverneur général dévoila en grande pompe le monument à la seconde guerre des Boers.