Mémoire collective
La grande variété des monuments et des mémoriaux dépend du fait qu’ils abordent la question du Souvenir sous différents angles. Quelques-uns sont consacrés au deuil collectif, tandis que d’autres ont une connotation religieuse. Les églises, les écoles ou les bureaux abritent souvent de petits mémoriaux personnalisés. Il n’était pas rare que les entreprises honorassent les membres qui avaient participé à la guerre dans leurs locaux ; des monuments de plus grandes dimensions se trouvent dans les espaces publics, tantôt à l’extérieur, tantôt à l’intérieur.
La commémoration à London commença bien avant que la guerre eût fini, à travers des poèmes publiés dans les journaux locaux. Des vers déchirants évoquant des soldats tués au combat étaient fréquents dans les journaux locaux ou nationaux. De tels poèmes étaient écrits par les mères, par les femmes, par les parents ou par les amis. Ces actes de souvenir, à la lisière entre public et privé, furent parmi les premières formes de commémorations. Les écoles, les églises et les lieux de travail préparèrent et affichèrent des tableaux d’honneur et des plaques commémoratives dédiées à ceux qui avaient participé à la guerre. Quelques communautés, comme par exemple celle de l’école secondaire London Central, commandèrent des plaques commémoratives en laiton assez élaborées, gravées de vers bibliques et de motifs décoratifs. D’autres, telles que la communauté de l’école publique de Wortley Road, créèrent des tableaux d’honneur plus simples, en papier encadré. D’autres encore choisirent de différentes façons d’honorer leurs héros, tant morts que vivants. Les communautés religieuses recueillirent d’importantes sommes d’argent dans le but d’acheter de grands objets et de les dédier aux hommes et aux femmes qui avaient servi en guerre. L’église anglicane de Tous les Saints acheta et dédia à la mémoire de ceux qui étaient morts en guerre un énorme orgue à tuyaux et un autel; les deux existent encore de nos jours. Les vitraux représentaient une autre forme de commémoration populaire dans bien des églises à London : par exemple dans l’église-souvenir Évêque Cronyn, dans la première église Saint-André et dans l’église de Saint-Jean-l’Évangéliste.
Contrairement aux mémoriaux mentionnés ci-dessus, plus faciles à réaliser et laissant libre cours à l’enthousiasme individuel (voire à la fantaisie), la désignation, l’esthétique ou l’emplacement des mémoriaux publiques furent longtemps débattus. Ces mémoriaux, qu’ils fussent « vivants » ou symboliques, étaient destinés à représenter une présence constante dans la vie de tous les jours tout en perpétuant le Souvenir à travers leur utilisation.
On attribua une fonction commémorative aux hôpitaux, aux écoles ou aux centres communautaires simplement en les nommant, comme, par exemple, l’Hôpital pour enfants « War Memorial ». Construit en 1917, cet édifice fut dédié, sous la forme d’un mémorial vivant, aux soldats de la Première Guerre mondiale. Le bâtiment cessa progressivement d’être utilisé ; en 1985, il fut enfin remplacé par un nouvel Hôpital pour enfants. Bien que vide et délabré, le batîment existe encore de nos jours, et représente l’un des plus grands mémoriaux érrigés à London, ON, en l’honneur des soldats de la Première Guerre mondiale.
Un autre monument qui, de nos jours, semble servir de lieu obligatoire pour commémorer les sacrifices de guerre tous les 11 novembre, est le Cénotaphe de London, ON. Une structure permanente ne fut inaugurée qu’en 1934, après plusieurs années de débats enflammés concernant l’emplacement, la construction, les matériaux et à qui la charge. Finalement, on prit la décision de construire dans le Parc Victoria, vis-à-vis de la mairie, un cénotaphe qui fusse une version réduite à moitié de celui de London, Angleterre.