Entrevue avec Bessie Blackmore
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© 2020 South West Coast Historical Society.
Bessie Blackmore interviewée par Robin McGruer, 27 août 2020
Entrevue avec Bessie Blackmore de Port aux Basques, T.-N.-L. (transcription)
Bessie : Mon nom est Bessie Blackmore. Je suis née le 31 octobre 1936. J’avais à peu près six ans lorsque le Caribou a coulé. Mon grand-père, Charles Ford, était mécanicien sur le Caribou.
Intervieweuse : Alors, quel est votre histoire, votre lien avec le Caribou ?
Bessie : Je me rappelle très bien ce matin-là. Je me souviens de ma mère qui marchait – nous avions une grande galerie sur la maison, la vieille partie de la maison, et elle marchait de long en large avec une serviette sur son visage, pleurant et criant. Et comme enfant, j’étais très bouleversée, « Maman qu’est-ce qui ne va pas, qu’est-ce qui ne va pas ? » Je le connaissais – même si j’avais seulement six ans – quand il était à la maison, j’étais habituellement là et il s’allongeait sur le lit de repos et je m’asseyais à côté de lui. Vous savez, il était très, très gentil, et je l’aimais. N’est-ce pas ? Vous voyez, ça, ce sont mes souvenirs de ce jour-là. Après ça, quelques années plus tard, je suis allée à des défilés pour le Caribou, j’étais dans les Brownies quand j’avais sept ans, et d’une certaine manière j’ai eu ce, je ne sais pas ce sentiment, je me sentais fière ? Parce que mon grand-père faisait partie des personnes nommées. Et vous savez, quand j’étais plus vieille, j’ai réalisé à quel point ce qui est arrivé était triste, pas vrai ? Mais à cette époque, à sept ans, j’étais fière que mon grand-père soit… bon. J’ai également perdu un oncle par alliance sur le Caribou, Victor Loman était marié à la sœur de ma mère, et il est mort sur le Caribou.
Intervieweuse : Et comment cela a-t-il affecté votre famille lorsqu’il est décédé, est-ce que la vie des gens a changé ?
Bessie : Ah la vie a changé pour la famille. Mon père n’était pas à la maison à l’époque parce qu’il était à la guerre outre-mer. Il est rentré en 43. Mais je me souviens que la famille a été affectée, je veux dire ma grand-mère, ma mère et tous les autres. La sœur de ma mère, comme j’ai dit, a perdu son mari. Donc ça a eu un gros impact sur la famille.
Intervieweuse : Comment le naufrage du Caribou a-t-il affecté la communauté dans son ensemble, pas seulement votre famille, mais tout le monde ?
Bessie : Je dirais que ça a affecté – comme je l’ai dit, j’étais très jeune – mais je sais que la communauté a été affectée, même des années après. Et ça a duré longtemps, je veux dire, c’est beaucoup de monde, vous savez. Et chaque année, pendant des années et des années, il y avait la cérémonie commémorative, les parades et tout ça, vous savez. Toutes les organisations se rendaient au monument, près du bâtiment où se trouvait l’ancien bureau de poste. Il y a, en fait, une photo d’une de ces cérémonies à la salle paroissiale.
Eh bien, je sais que pour nous et notre famille, comme je l’ai dit, ma tante a perdu son mari, et elle est retournée vivre avec sa mère et elle avait deux enfants. Et ma mère a pris la plus jeune pendant un bon moment parce qu’elle est retournée travailler, n’est-ce pas ? Et ma mère s’est occupée de sa plus jeune enfant Margaret pendant un moment. Elle n’était qu’un bébé.
Oui, chaque année, le quatorze octobre, il y avait, il y avait une cérémonie au monument commémoratif. Celui du S.S. Caribou se trouvait au centre-ville au début, oui ? Et puis il a été déplacé sur l’autoroute. Donc chaque année, vous savez comme je l’ai dit, quand j’étais dans les Brownies, les guides, nous y allions toujours en groupe. Toutes les organisations y allaient, oui ? Ce n’était pas une journée qu’on pouvait juste oublier, vous savez.