Pressentiment d’un danger – Entrevue avec William J. Lundrigan
Audio :
Entrevue enregistrée par Cassie Brown avec William James Lundrigan, sans date. Memorial University of Newfoundland & Labrador, Archives & Special Collections, Cassie Brown collection, COLL-115, file 20.01.001, tape 207
Voici la transcription d’une entrevue que l’auteure Cassie Brown a enregistrée avec William J. Lundrigan, homme d’affaires de Corner Brook, qui a survécu au naufrage du S.S. Caribou :
« J’avais réservé mon billet de retour, je suis arrivé à North Sydney et j’ai réservé mon billet de retour pour la nuit sur le Caribou. Mais je dois avouer que la nuit où je suis entré ou embarqué sur le Caribou, j’ai eu un mauvais pressentiment. J’ai commencé à m’inquiéter pour le navire et sa sécurité, et pour toutes les personnes à bord.
« Et je suis allé sur le pont et je me suis même mis à réfléchir – à quoi faire si nous étions torpillés. Non seulement tout ceci me traversait l’esprit, mais en y réfléchissant je trouvais des solutions à ces questions, et j’ai pratiqué plusieurs de ces solutions. Trois ou quatre fois pendant la nuit, j’ai essayé de m’endormir, mais j’en étais incapable et je ne pouvais pas arrêter de penser, alors je me levais, je montais sur le pont, faisais les cent pas et observais la nuit noire et lugubre. Je me rappelais comment me rendre sur le pont, où se trouvait le pont et où il se trouvait par rapport à l’endroit où je dormais. Il fallait que je sorte par une porte, que je passe la descente et que je me rende à l’arrière sur le pont, là où se trouvait mon canot. J’ai localisé le canot, je l’ai regardé, je l’ai mesuré, je me suis même permis de regarder la hauteur entre le pont et l’eau, et l’idée d’avoir à descendre par-là m’a fait frémir. Ensuite, j’ai vérifié la mécanique du canot, comment le descendre, comment enlever la bâche sur le canot et les obstacles qui se trouvaient sur le chemin. Je les ai tous examinés. Et j’ai tout fait ça, pas une fois ni deux, mais trois fois. »