Vidéo du 50e anniversaire à Channel-Port aux Basques
Vidéo :
CBC TV News, diffusé le 14 octobre 1992
Journaliste : Reg Sherren
Personnes interviewées : John Dominie, Leonard Shires, James Cuthbert et Arthur Taverner
Transcription de la vidéo de CBC TV News :
[Vieille photo du traversier S.S. Caribou. Puis vue de la mer depuis le pont d’un navire. Puis vieux film d’actualités montrant le capitaine d’un sous-marin allemand au périscope de son sous-marin. Vue d’un navire marchand dans le réticule d’un périscope. Une torpille filant à toute vitesse dans l’eau, puis explosion d’un navire marchand. Puis une vue de la mer].
Journaliste : Le Caribou était la fierté du détroit de Cabot, naviguant cette nuit-là avec 237 passagers et membres d’équipage à son bord. On pensait que ce serait une autre traversée de nuit tranquille, mais tout a basculé. Il a fallu moins de cinq minutes pour que la torpille frappe. En cinq minutes, le Caribou avait disparu.
Journaliste : John Dominie était à la roue.
[Un homme âgé portant des lunettes, assis chez lui.]
John Dominie : À ce moment-là, il n’y avait que moi et le deuxième lieutenant dans la timonerie. Tout ce que j’ai dit, c’est « ils nous ont eus ». C’est le… hum… il faut sortir. Je suis donc allé du côté tribord du pont, je suis descendu et, bien sûr, il y avait de la vapeur de ce côté-là. Alors, je suis parti et je suis allé de l’autre côté, et c’est là que se trouvait le canot et je suis monté dedans. Il n’y avait pas de… il était rempli de passagers à ce moment-là.
[Un homme d’âge moyen avec une barbe, assis devant sa maison. Puis une vieille photo d’un petit garçon en bas âge].
Journaliste : Leonard Shires, âgé de 15 mois à l’époque, est le seul enfant à avoir survécu.
[Un homme d’âge moyen avec une barbe, assis devant sa maison.]
Leonard Shires : L’Atlantique Nord en hiver ; ce n’est pas un endroit très hospitalier. Et je ne sais pas, je ne peux pas imaginer un bébé flottant en plein milieu de l’océan.
[Une cérémonie du souvenir à côté d’un monument commémoratif. Des marins en uniforme de la marine tiennent plusieurs drapeaux. Beaucoup d’autres personnes sont présentes en uniforme de la Légion et en uniforme militaire. Puis une vue des noms des morts inscrits sur une plaque de bronze apposée sur le monument commémoratif].
Journaliste : Aujourd’hui, à Port aux Basques, on a commémoré les 136 personnes qui n’ont pas survécu. Beaucoup d’entre elles étaient de jeunes familles, des femmes et des enfants qui allaient rendre visite à leurs maris et pères qui combattaient à la guerre.
[Vieux film d’un U-boot allemand en mer. Puis vieux documents et photo d’un navire à vapeur. Gros plan d’une page d’un journal de bord d’un U-boot allemand].
Journaliste : Comment cela s’est-il produit ? Comment le sous-marin allemand a-t-il pu trouver le cargo-passagers dans la noirceur de la nuit, à moins de 20 kilomètres de sa protection. De nouvelles informations du gouvernement allemand révèlent ce que le commandant nazi avait en tête pendant qu’il suivait le Caribou. Il était prêt à exécuter une dernière fois avant de s’échapper dans l’Atlantique Nord. Le Caribou était la proie et il n’y avait pas grand-chose que le capitaine du navire d’escorte de la Marine pouvait faire.
[Gros plan sur un homme âgé en costume-cravate, assis à l’extérieur.]
James Cuthbert : Quand tu vois des enfants morts dans l’eau et quand tu vois des femmes qui essaient désespérément de monter sur le côté du bateau. C’était très difficile.
Journaliste : Lui et son équipage ont réussi à sauver plus de cent personnes, mais ceux qu’il n’a pas pu sauver, les autres, le hantent encore aujourd’hui.
Un vieil homme portant des lunettes est assis à la table de la salle à manger sur laquelle se trouvent plusieurs vieilles photos. Vieille photo d’un officier de navire en uniforme sur le pont d’un navire.
Journaliste : Ces évènements hantent aussi Arthur Taverner. Il était censé être sur le Caribou, mais il a quitté le navire deux mois plus tôt après une dispute avec son père. Son père était Ben Taverner de Port aux Basques, le capitaine du Caribou. Il a péri avec son navire. Ses deux autres fils ont également disparu. Arthur est le seul qui reste. Pour sa mère, c’était presque trop dur à supporter.
[Gros plan sur un homme âgé portant des lunettes et qui parle à l’intérieur d’une maison.]
Arthur Taverner : Et je suis rentré à la maison, elle était assise dans le couloir. Elle… elle a dit tu es la seule personne qui me reste. Elle m’a pris dans ses bras. Nous sommes restés assis là toute la nuit, sans bouger. Elle ne s’en est jamais remise, jusqu’au jour de sa mort, non.
[Un membre de la Légion dépose une couronne devant un monument commémoratif au cours d’une cérémonie du Souvenir. À l’arrière-plan, une grande foule de citoyens, de dignitaires, de membres de la Légion et de militaires en uniforme.]
Journaliste : Aujourd’hui, nous commémorons le [50e] anniversaire de cette nuit fatidique et le souvenir de ceux qui n’ont jamais réussi à atteindre la côte. Ce qui s’est passé ce 14 octobre est une histoire de guerre, de héros et de victimes, de tragédie et de désespoir, de destin et de hasard. Reg Sherren, CBC News, Port aux Basques.