L’attaque contre le S.S. Caribou était-elle un crime de guerre ?
Le naufrage du S.S. Caribou a provoqué l’indignation des deux côtés du détroit de Cabot. Cette attaque a brisé le seul moyen de transport reliant les Terre-Neuviens à leurs familles, aux hôpitaux et aux emplois au Canada. Le Sydney Post-Record a décrit l’attaque allemande comme un « meurtre bestial de femmes et d’enfants ».
L’Oberleutenant zur See Ulrich Gräf était aux commandes du sous-marin allemand U-69 qui a attaqué le S.S. Caribou. Dans son journal de bord, il le décrit comme un « cargo-passagers à vapeur ». Selon l’ancien combattant terre-neuvien de la Seconde Guerre Herbert Wells, le traversier, malgré la présence de civils à son bord, était une cible de guerre légitime parce qu’il servait pour le transport de troupes et de fournitures militaires entre le Canada et Terre-Neuve. La présence d’une escorte de la Marine royale canadienne confirmait au commandant allemand qu’il avait affaire à un navire ennemi.
Pendant la guerre, les traversiers du Golfe et leurs équipages étaient désignés comme faisant partie de la marine marchande. Mais même si 74 civils se trouvaient à bord du S.S. Caribou le 13 octobre, [les deux tiers de ses passagers étaient des militaires]. Plusieurs d’entre eux étaient en route vers des bases militaires à Terre-Neuve. Lors de cette nuit fatidique, le S.S. Caribou transportait également des fournitures essentielles à l’effort de guerre des Alliés.
En temps de guerre, tout sous-marin allemand aurait tiré sur un cargo-passagers de tonnage important arborant le Red Ensign de Terre-Neuve et accompagné d’un navire d’escorte de la Marine royale canadienne. Des années plus tard, on a demandé à l’officier le plus haut gradé ayant survécu au naufrage, le commissaire Thomas Fleming, si le S.S. Caribou était une cible légitime.
« Je crois que oui », a-t-il admis. »