Le destin des passagers civils
Des 74 civils qui se trouvaient à bord du S.S. Caribou, 49 ont perdu la vie. Plusieurs d’entre eux étaient originaires de Terre-Neuve.
Bill Bryne travaillait sur une goélette terre-neuvienne basée à Lunenburg, en Nouvelle-Écosse, où les pêcheurs étaient payés en argent comptant par les propriétaires d’usines de transformation du poisson. Plus tôt cette année-là, sa femme Sarah et lui avaient acheté une maison qu’ils avaient déménagée à Rencontre East. Désireux de commencer les rénovations, Bill a pris le traversier pour rentrer chez lui au lieu de faire le voyage en goélette.
Une semaine après la tragédie, ses compagnons de pêche entraient dans la maison de Sarah, sans lui. Jouant sur la plage, les enfants ont entendu les pleurs de leur mère. La mort de Bill a entraîné des difficultés financières à sa famille. Sa femme Sarah lavait des planchers pour 25 cents. Sa fille Kathleen est partie travailler comme domestique. Des années plus tard, le gouvernement a récupéré l’indemnité d’assurance de Bill, parce que Sarah avait touché l’aide sociale.
Pour sa part, Blanche Short, née Kettle, avait laissé ses trois jeunes garçons à la maison pour aller chercher de nouvelles lunettes à Sydney. Pour le voyage de retour à Terre-Neuve, elle partageait une cabine avec sa petite cousine Myrtle Kettle qui revenait à Grand Bay pour aider sa mère. Les deux femmes ont péri avec le S.S. Caribou. Le père et la belle-mère de Blanche Short, Ernest et Anna Kettle, ont adopté son bébé, Nelson. Son mari veuf, Thomas Short, a élevé seul leurs fils Isaac et Norman, âgés de cinq et six ans. Parce que Thomas travaillait de longues heures pour la Newfoundland Railway, ils habitaient dans une pension de famille.
Par ailleurs, plusieurs victimes civiles à bord étaient rattachées à l’armée. Pearl Beswick et Helen Wightman se rendaient visiter leur mari à la base aérienne de Torbay. Le réserviste de la Marine royale de Terre-Neuve, John Tapper, sa femme Hazel et leurs trois enfants ont également péri dans le naufrage.
L’homme d’affaires William Lundrigan est parmi les 25 civils qui ont survécu à la tragédie. Il a toujours cru que c’était parce qu’il avait cédé sa cabine sous le pont à des femmes et des enfants qu’il s’en est sorti indemne.