L’U-69 lance l’attaque
Journal de bord de l’U-69, 14 octobre 1942 ; 1 h 04, heure de Terre-Neuve :
Cargo-passagers à vapeur d’environ 6500 tonneaux de jauge brute, d’où s’échappe une épaisse fumée. À l’arrière à tribord, un destroyer à deux cheminées comme escorte.
Pendant trois heures, l’Oberleutnant Gräf suit le traversier et son escorte qu’il croit, à tort, être un destroyer. L’U-69 se déplace en surface pour avoir une meilleure position de tir. Comme c’est la nuit, Gräf est sûr que son kiosque sera difficile à repérer par l’ennemi. Il se place à 650 mètres le long du traversier, en faisant pivoter la poupe du sous-marin vers la cible.
À 3 h 51, à partir du kiosque, l’officier torpilleur Johannes Hagemann lance le tir depuis le tube arrière. En 43 secondes, sa torpille frappe le S.S. Caribou au milieu, sur le côté tribord. Sous le coup de l’explosion, de l’eau de mer et des débris sont projetés dans les airs. S’éloignant à pleine vitesse, l’équipage de l’U-boot entend les chaudières du traversier exploser. Hagemann avait visé juste.
Gräf doit maintenant faire face à une nouvelle menace. L’escorte, qui avait repéré l’U-69, chargeait vers l’avant pour éperonner le sous-marin.
« Plongée immédiate ! » crie Gräf.
Une fois sous l’eau, il dirige l’U-69 vers le traversier, guidé par le bruit des cloisons qui éclatent. Comme il y avait des survivants dans l’eau, il se dit que l’ennemi ne larguera peut-être pas de grenades. Encerclé par les impulsions sonar [Ping!] du navire qui le pourchassait, l’U-69 largue un leurre anti-sonar à bulles. Une grenade sous-marine explose juste au-dessus du sous-marin. Puis douze autres. C’était la pire situation possible pour l’U-69. Après quatre heures, Gräf remonte prudemment l’U-69 à hauteur de périscope. Il aperçoit deux navires et un avion. Les Canadiens sont toujours à la recherche du U-boot.
L’U-69 se replie au-dessus de l’épave qu’il avait créée.