Le Géant bipolaire, une légende vivante! – Deuxième partie
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Au temps premier de l’habitation sur ce territoire, seul un archipel émerge maintenant de l’eau avant que le géant ne cesse de compter le temps en milliers d’années. Tout en décélérant le temps, il se hisse sur une île et prend la sage décision d’utiliser ses pouvoirs pour rétrécir de taille, afin de mieux habiter son archipel.
Dans une solitude lunaire, l’insulaire sur son caillou a tous le loisir de vidanger son cerveau, panser ses plaies laisser, sa peau se cuivrer au soleil vibrant. À tant voir dans les brumes matinales en montées fulgurantes, des nuages à la « Roger Pelerin » se cumuler, puis aller engraisser les terres plus loin à l’est, il fantasme ses terres qui apparaissent un peu plus d’année en année. Elles se révèlent d’une exubérante fécondité pour bientôt toute une faune à la « Frank Polson » dont le géant ingère les forces pour mieux faire entrer les qualités des bêtes en lui. Tout du paysage lui sert, et à force d’arpenter son territoire sur trois autoroutes d’eau nord-sud, il «intelligibilise» ce qui l’entoure.
On prend soin de ce qu’on connait! De toute façon, s’il avait pillé les arbres protecteurs et méprisé jusqu’aux roches flèches sur son parcours, la nature l’aurait fauché du paysage d’une lame fort bien effilé et sans remords, tant il dépendait d’elle.
Quelques temps après, faute d’avoir soigné d’anciennes fêlures à l’âme, ces dernières ont rendu le géant devenu fragile et bipolaire. Sur un « high », il est prodigieux et fabrique un royaume, mu par une énergie herculéenne. Sur un « down », ah!, il est exécrable de pollution, de pillage, d’abandon. Il suffit de peu pour le faire passer d’un état à l’autre et il a mis du temps à s’en rendre compte.
Pendant ses bons moments, le géant s’éprend d’une belle femme anishinabe (algonquine) en premières noces. Elle offre des formes généreuses qui le font chavirer. Elle sait mener à bien leurs destins réunis, avec flair et clairvoyance. Ils sont ensembles, heureux, fiers et beaux en quasi-autarcie sur les rebords d’un monde-continent. C’est avant que… lui ne se mette à pâlir à force de se cacher dans ses baraquements de bois ronds humide, en laissant libre cours à ses névroses et ses anxiétés par temps sombre…
Passant de montage en crevasse avec ses humeurs souvent fracassantes, il bardasse bientôt sa femme, puis la renie, tout comme le bel enfant qu’ils ont eu ensemble, il les laisse vivre à la marge, à distance du pouvoir. Elle et l’enfant vivent péniblement cette séparation et cette mise à l’écart au point où ils perdent leurs repères, s’égarant dans les dédales d’une vaine recherche de considération.