La nature comme modèle
Pour la conception des objets, les Anicinabek utilisaient des matières directement issues de l’environnement. Bois, ossements, épines de porc-épic, tout était prélevé dans la nature, aux alentours. L’écorce de bouleau avait de nombreuses fonctions et une grande importance. On la découpait de l’arbre toujours vivant et on l’utilisait pour de nombreuses créations : revêtement des habitations, canots, contenants et paniers, cornets pour appeler l’orignal, etc. Pour les Anicinabek, la différence entre art et artisanat n’avait aucun sens. Pour eux, nulle frontière entre l’objet décoratif ou l’objet usuel, c’était en fait le même objet. Le terme « art » comme nous l’entendons, n’a que peu de résonance les Premières Nations. Ceci n’excluait pas une démarche artistique et créative chez l’artisan, mais « l’objet d’art » n’était jamais que cela.
Chez les Anicinabek, l’acte de créer est issu d’une tradition millénaire qui traduit leur adaptation à l’environnement nord-américain. L’absence de données historiques manuscrites nous en fait probablement rater en grande partie la profondeur et nous prive d’une interprétation quant à la création. Ce qu’il est possible de constater, c’est à quel point leurs travaux ont toujours représenté le lien qui unit l’homme à la nature, ainsi qu’à la dimension spirituelle de l’existence (ancêtres et esprits).
Leur expression artistique a également été influencée par le contact avec les autres Premières Nations ainsi qu’avec les Européens arrivés au Canada. La création artistique des Anicinabek s’est alors enrichie d’objets et de vêtements délicatement ornés de perles, de sculptures, de dessins et de peintures. Une transformation progressive qui rejoint aujourd’hui des artistes de l’école du «woodland art», comme Norval Morrisseau et Frank Polson.