Se loger à tout prix
Une crise du logement sans précédent déferle sur Verdun vers la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Plusieurs facteurs cumulés provoquent cette situation. Entre autres, quand la Grande Dépression des années 30 prend fin au début de la guerre, plusieurs familles qui partageaient le même logement ont maintenant les moyens financiers pour avoir leur propre endroit où vivre. Cette situation coïncide également avec l’arrivée de gens qui veulent profiter des loyers à prix peu élevés à Verdun. À partir de 1941, l’usine de munitions de la Defence Industries Limited attire aussi un énorme flux de nouveaux résidents qui vient mettre encore plus de pression sur le marché locatif de Verdun. La population croît alors rapidement, provoquant une crise du logement. En effet, la disponibilité de logements à Verdun est à moins de 1%.
En 1940, les autorités municipales estiment qu’ils manquent 500 logements à Verdun. Les personnes jetées à la rue doivent se résoudre à vivre dans des logements surpeuplés et insalubres ou à louer des locaux inadéquats. Selon les données municipales de 1944, 73 familles verdunoises ont loué un espace commercial sur la rue Wellington. Cette situation choque l’opinion publique de l’époque, particulièrement lorsqu’il s’agit de la famille d’un soldat.
Il faut donc se remettre à construire et vite. En 1944, selon les estimations municipales, 90% de la superficie de la ville est déjà occupée. Crawford Park devient ainsi un espace de choix pour le développement immobilier.
Malheureusement, cela ne sera pas suffisant, surtout pour les soldats de retour de la guerre et qui sont très touchés par cette crise. Certains reviennent à Verdun sans logis. D’autres, incapables de se trouver un emploi, font face à des menaces d’expulsions. Les vétérans s’interrogent sur la pertinence de leurs sacrifices s’ils ne peuvent même pas faire confiance à la nation pour loger adéquatement leur famille.
La crise du logement a également un impact nocif sur le moral des troupes. Un sondage, effectué entre 1944 et 1945, montre que cette crise est la cause principale d’insatisfaction chez les soldats en service.