Putainville

L’infâme surnom de « Putainville » frappe l’imaginaire. Il évoque un véritable bordel à ciel ouvert dans lequel la prostitution, mais aussi l’alcool, le jeu et la violence sont omniprésents.

L’extrémité sud du village de Roc-d’Or en 1937 (BAnQ Québec, fonds ministère des Affaires municipales et des Régions).

Les débuts de Roc-d’Or sont particulièrement chaotiques, ce qui lui vaut, dès le départ, son surnom de « Putainville ». Selon un rapport de police en date du 22 juin 1936, la population de Roc-d’Or compte alors 25 vendeurs illégaux de boisson et neuf prostituées pour une population d’environ 175 habitants.

Bâtiment appartenant à une résidente « bien connue des autorités policières »  en 1942 (BAnQ Québec, fonds ministère des Affaires municipales et des Régions).

C’est surtout lors des jours de paie, soit à toutes les deux semaines, que les maisons de jeux, les bars illégaux et les bordels sont en pleine activité. Si certaines filles de joie viennent séjourner temporairement dans le village de squatters les jours de paie, d’autres y habitent en permanence.

Marielle Rioux lève le voile sur les prostitués et le commerce illicite de l’alcool à « Putainville » :

Écoutez l’entrevue avec la transcription.

On retrouve aussi une dizaine de débits d’alcool clandestins, à Roc-d’Or. Dans son autobiographie, Jacques Miquelon en évoque plusieurs : « chez Pauline, chez Gaby la Française, chez Ti-Blanc, chez Marthe la Belge ». Les descentes de la Police des liqueurs et de l’escouade des mœurs sont fréquentes dans ces lieux.

Cabane en bois rond désignée comme étant un « bordel » dans l’enquête de l’été 1942 (BAnQ Québec, fonds ministère des Affaires municipales et des Régions).

Dans un village surnommé « Putainville », on s’imagine bien que la prostitution n’est pas complètement cachée. Dans ses mémoires, Jacques Miquelon nous le confirme : « Les clients s’y rendent comme ils vont à l’épicerie, à la pharmacie ou à la banque et, sauf les âmes dévotes, personne ne s’en scandalise ».