Un dangereux précédent
Roc-d’Or n’est pas le seul village de squatters en Abitibi. Un peu partout dans la nouvelle région minière, des gens se sont installés sur des terrains dont ils ne sont pas propriétaires. Dans la seconde moitié des années 1930, le gouvernement du Québec mène une véritable offensive afin d’enrayer le phénomène de la squattérisation.
Dans le rapport de l’enquête sur Roc-d’Or on apprend que pour le gouvernement, « il serait regrettable que ce qui est arrivé dans le cas de Rouyn-Sud se répète pour Roc-d’Or ». Ce village, établi depuis 1932 en périphérie de Rouyn, est composé de plus de 200 familles de squatters. Bien que l’État québécois ait envisagé son incorporation en municipalité distincte, les décideurs optent plutôt pour une annexion à Rouyn au printemps 1940, car Rouyn-Sud « était voué inévitablement à la faillite vu son évaluation minime » selon eux. Étant donné que les coûts de l’opération sont très élevés, le sous-ministre aux Affaires municipales, Émile Morin, affirme par la suite que l’annexion fut une erreur et il « trouve regrettable que la situation de l’une doive se répéter » pour Roc-d’Or.
Manifestement, le gouvernement craint que l’incorporation ou l’annexion de Roc-d’Or ne crée un précédent et pousse les autres agglomérations de squatters à exiger un traitement similaire. Selon le rapport de l’enquête sur Roc-d’Or, « les yeux de bien d’autres agglomérations de squatters telles que Perron, Petit Buckingham, Rivière Thompson, Lac Révillart, Petit Québec (Lapa-Cadillac), Petit Canada, sans parler des agglomérations plus petites et des squatters individuels, sont tournés vers Roc-d’Or ».