Interview avec Wayne Croft
1994-0021 fonds Peter Hessel, Archives Arnprior & McNab/Braeside
Peinture de Stan Tourangeau (1917-1996) de la scierie Gillies imprimée sur une carte de vœux, vers 1970. Remarque : l’artiste a peint le nom Gillies sur le château d’eau au lieu du logo de Consolidated-Bathurst.
L’étudiante d’été d’Arnprior & McNab/Braeside Emily Croft a interviewé son père, Wayne Croft, le 5 mai 2015:
EC : Quand tu étais là, est-ce qu’on descendait encore les billots par la rivière ou bien on utilisait des bateaux ou des trains ? Je me demande comment on transportait le bois de la concession à la scierie Gillies.
WC : Quand je suis arrivé et pendant plusieurs années après, les billots arrivaient par la rivière. Ils descendaient en bômes, traînés par des remorqueurs. Ils venaient surtout de Mattawa. C’est là que les concessions des Gillies étaient, à Mattawa, et on les jetait tout simplement dans la rivière, et après on descendait les recueillir près de Portage, à l’estacade Cheneaux. Les billots arrivaient, on les assemblait en îlots, puis on les descendait par la rivière. Il fallait en descendre beaucoup comme ça. On en passait une bonne quantité dans la vieille écorceuse, qui était à l’écart des autres bâtisses, avant d’aller les rassembler sur la rive. Puis tout l’hiver on les jetait dans l’eau encore. On les mettait sur la rive avec un sprinkler sur chaque pile pour les empêcher de sécher. Donc on voyait d’immenses piles de billots, tout l’été, avec des sprinklers dessus. Puis l’hiver on les remettait dans la rivière pour aller dans le monte-billes, la machine qui tire les billots de la rivière. On les remettait dans l’eau et on les montait un à la fois pour être sciés. Ils montaient dans le monte-billes jusqu’aux grosses scies dans la scierie, qui était aussi sur le bord de la rivière, puis on les entreposait. Quand on a arrêté de les descendre par la rivière, ça a été le début de la fin de Gillies.
EC : Oui. J’ai entendu ça dans quelques interviews. Je pense que c’est Sloan Watters qui a dit ça.
WC : C’était le début de la fin. On a dû commencer à les transporter par camion, et ça n’en valait pas la peine.
EC : C’était moins rentable.
WC : C’était moins rentable que les descendre par la rivière, qui ne coûtait presque rien. Pour descendre tout un bôme de billots, il y avait, je pense, deux gars sur le remorqueur. Mais on a dû commencer à les transporter par camion et c’était moins rentable. Il ne restait plus de billots dans le coin et on a commencé à essayer d’en acheter de New York. Le bois coûtait plus cher et il était de moins bonne qualité.