John Hepinstall (facteur-receveur) 1890-1899
En sortant dans l’air frais matinal, John entend le train de l’ouest au loin. M. James Gillies est dehors lui aussi, à attendre anxieusement son exemplaire du journal Arnprior Chronicle. Il a eu vent qu’il y figure une liste du bois équarri scié par toutes les entreprises de bois d’œuvre de la vallée de l’Outaouais pour la saison 1889-1890. James se doute que la scierie Gillies se trouve dans le premier tiers avec 400 000 pieds cubes. Le bois se vend 0,26 $ le pied cube, une nette amélioration par rapport aux années précédentes. Il aimerait que son père, M. John Gillies, soit encore en vie pour être témoin de cet exploit.
John lève les bras pour s’étirer et ressent un tiraillement dans les épaules. Il rêve d’un travail plus physique, même s’il gagne beaucoup mieux sa vie qu’un employé de la scierie. Il est aussi conscient des dangers du métier. Le mois dernier, James McPherson, un jeune homme de quatorze ans, a perdu un doigt dans un accident à la nouvelle scierie à bardeaux.
Heureusement, la saison de baseball commence bientôt. John joue en position d’arrêt-court, qui convient à ses réflexes rapides et son lancer de fer. Son ami, « Catch » Mosley, croit qu’il a de bonnes chances d’être sélectionné dans l’équipe de baseball de Braeside cette année, et il a besoin de tous ses doigts s’il veut jouer. En tournant le coin, John lance une balle imaginaire en plein sur la plus haute cheminée du paysage.