Entrevue avec David Rees et visite virtuelle, Lance Cove, Terre-Neuve
Vidéo : par Daniel Rees
© Shipwreck Preservation Society of Newfoundland & Labrador Inc., 2019
David Rees partage des histoires de sa grand-mère, Emma Rees, qui a raconté comment les survivants aux attaques des sous-marins allemands et aux naufrages de 1942 ont été soignés dans la maison d’Emma, près de la plage de Lance Cove à Bell Island, Terre-Neuve.
Transcription de la vidéo :
La vieille maison ici, c’est une maison de quatre chambres à coucher, elle a été construite en 1920 par mon grand-père pendant… elle a été terminée aux alentours de 1920. Mes grands-parents [Ralph et Emma Rees] ont eu trois enfants : Stewart, Chelles et Sophie. Stewart a épousé Marjorie (ma mère), je crois que c’était en 1939 qu’ils se sont mariés, de toute façon, en 1942, ils avaient leur premier enfant.
David Rees se tient devant la porte de la chambre d’une vieille maison.
Il avait 13 jours quand, dans cette chambre-ci, celle de mes parents, c’était la chambre de mes parents. Et il y aurait eu un berceau là, pour leur enfant de 13 jours.
David Rees, dans la chambre, fait des gestes avec son bras.
Ma mère était venue chercher l’enfant, elle a dit qu’elle portait mon frère et sortait de la chambre quand elle a entendu une violente explosion. Ma mère, le bébé dans les bras, a marché le long de ce couloir jusqu’en haut de l’escalier.
David Rees marche dans le couloir de l’étage jusqu’à une fenêtre qui donne sur l’océan.
Elle a regardé par cette fenêtre juste ici, parce que les bateaux de la mine étaient ancrés à quelques miles au large, c’était là qu’était le mouillage pour les bateaux de la mine à l’époque. Elle a donc jeté un coup d’œil dehors et c’est là qu’elle a vu le navire. Les deux extrémités s’élevaient dans les airs. Elle a raconté souvent ce qu’elle a vu cette journée-là. Elle ne s’en est jamais vraiment remise, de ce qui est arrivé au bateau et du fait qu’il a coulé.
David Rees fait des gestes avec ses bras par la fenêtre.
Et puis bien sûr, les choses se sont déplacées au rez-de-chaussée au fur et à mesure que la journée avançait, pendant la matinée ou l’après-midi. Ils ont installé une clinique en bas, dans la cuisine, et ils ont installé une morgue dans une autre pièce en bas.
David Rees fait des gestes avec ses bras dans l’escalier qui mène au rez-de-chaussée de la maison.
Je vous emmène donc en bas pour vous montrer cela.
David Rees descend les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée.
Nous sommes dans la cuisine de l’ancienne maison et c’est la porte arrière juste là, et vous savez, à l’époque, les gens utilisaient la porte arrière comme entrée principale. Donc les survivants, les blessés, ont été emmenés ici. Les habitants les ont donc transportés ici et les ont placés dans la cuisine.
David Rees se tient dans la cuisine de la vieille maison et fait des gestes vers la porte arrière.
Le médecin, le Dr Templeton, était ici pour s’occuper des blessés. Ma mère et ma grand-mère assistaient également le docteur avec les blessés.
David Rees dans la cuisine fait des gestes vers la table de la cuisine et le poêle à bois.
Une des choses qu’elle et les autres ont faites… ce qui est intéressant à cette époque en 1942, elle nous a dit que le café instantané venait de sortir. Ils ont fait du café pour les 40 blessés, en utilisant le premier pot de café instantané qu’ils aient jamais acheté.
David Rees debout dans la cuisine.
Quoi qu’il en soit, elle a dit que le médecin s’occupait de chaque personne individuellement, selon la gravité des blessures. Elle se souvient d’un homme qui était sous cette table ici et qui, disait-elle, avait les bras enroulés autour du pied de la table, et de temps en temps, criait très fort. Elle a donc demandé au médecin pourquoi l’homme criait comme ça. Il lui a dit qu’il était en état de choc. Il pense qu’il s’accroche, il pense qu’il s’accroche à quelque chose qui le maintient à flot. Il avait aussi une jambe cassée. C’était là.
David Rees fait des gestes avec ses bras sous la table de la cuisine.
Donc pendant que les gens, les survivants, étaient amenés ici, certains d’entre eux n’ont pas survécu. Bien que le médecin ait essayé de les réanimer, ils n’ont pas survécu. Ils ont donc pris les personnes qui sont mortes et ils ont aménagé la pièce, ils ont simplement utilisé la pièce ici comme une morgue, je vous emmène dans une minute. Ma mère se souvient qu’elle devait aller chercher des choses dans cette pièce et enjamber les corps qui se trouvaient dans la pièce. Je crois qu’à un moment donné, elle a dit qu’il y avait neuf corps dans la pièce, étalés sur le sol. Et finalement, bien sûr, des gens sont venus enlever tous les cadavres.
David Rees, debout dans la cuisine, fait des gestes vers une autre pièce de la maison.
Euh, alors pourquoi je ne vous emmènerais pas maintenant de la cuisine vers l’endroit où ils ont mis ces corps.
Nous marchons donc dans le couloir ici. Bien que ce soit l’entrée principale ici, la plupart des activités se sont passées dans l’entrée arrière.
David Rees marche de la cuisine au couloir, passe la porte d’entrée et entre dans le salon.
C’est donc une petite pièce ici, mais mes parents (Stewart et Marjorie) quand ils se sont mariés… euh, mes grands-parents ont installé une petite cuisine ici pour qu’ils aient leur propre endroit pour cuisiner et leur intimité. Ma mère disait que c’était comme une combinaison cuisine-salon ici.
David Rees debout dans le salon.
Donc, ma mère m’a expliqué que c’est ici qu’ils ont disposé les corps, sur le sol ici. Ma mère devait venir chercher des choses qu’elle avait besoin pour le… C’est pourquoi elle a dit que, pour ce faire, elle devait passer par-dessus les corps.
David Rees dans le salon fait des gestes vers le sol pour montrer où les cadavres étaient disposés.
Une petite anecdote intéressante s’est produite lorsque le PLM a été coulé. L’opérateur radio du PLM avait le bras cassé et ne pouvait pas nager. Mais il avait un chien et le chien a tiré l’opérateur radio jusqu’au rivage. Ce faisant, ils ont dû traverser à la nage, bien sûr, du pétrole brûlant, résultant de l’explosion. Et le chien a brûlé les poils de son dos. Donc, pendant qu’elle s’occupait de tout le monde ici, ma grand-mère est sortie et a vu que le chien était brûlé, qu’il avait le dos brûlé. Alors elle a pris de la pommade et l’a appliquée sur la brûlure, sur le dos du chien. Alors le chien a adopté ma grand-mère, et euh… Alors quand tout est revenu au calme, le chien est resté ici avec ma grand-mère. Elle l’a appelé PLM, comme le bateau. Et donc PLM est resté dans le coin pendant une courte période avec ma grand-mère. Elle a rencontré un problème avec le chien, c’est que… le chien laissait les gens entrer par la porte sans problème, mais quand ils voulaient partir, le chien se mettait en colère contre eux pour une raison ou une autre que nous ne comprenons pas. Ma grand-mère avait peur que le chien morde quelqu’un. Elle a donc donné le chien à un homme d’affaires local, je crois. Il l’a eu pendant un certain temps, puis il l’a, je crois, donné à un… il l’a donné à un des policiers de l’île. Le chien a donc eu… une vie bien remplie après, ici à Bell Island, en tant que PLM.
David Rees assis à la table de la cuisine près d’une fenêtre ensoleillée.